Le Marie-Mad (avec un trait d'union) était un chalutier britannique mis sur cale sous le nom de T.R 52 par Anderson Co à Lauzon au Qubec pour le compte de la Royal Navy comme dragueur de mines. Achevé seulement en 1919, il est vendu au titre de surplus par le Gouvernement Britannique. Il devient alors propriété des Pêcheries et Armements "La Rochelle - Océan" et est attaché au port de la Rochelle. En 1935, il est vendu à la Société Anonyme des Chantiers et Ateliers de Saint Nazaire - Penhoët qui désire diversifier ses activités. Conservant La Rochelle comme port d'attache, il est mis en gérance à la Société Nouvelle de Gérance Maritime.
En septembre 1939, il est requis sous le numéro AD 148 et affecté au secteur de la Rochelle - La Pallice.
Le 20 juin 1940, en compagnie de l'AD 150 Henri Cameleyre, il appareille pour Casablanca où il arrive le 25.
Conservé par la Marine dans la flotte d'armistice, il est incorporé le 8 août 1940 à la 5ème Section de Dragueurs Ordinaires à Casablanca. Les dragueurs "ordinaires", généralement en acier, sont équipés d'une drague Ronarch pour draguer les mines à orins contrairement aux dragueurs "magnétiques" ou "spéciaux" , construits en bois, qui sont équipés pour draguer les mines magnétiques.
Outre ses missions de surveillance de la rade, il participe du 15 au 25 avril 1941 à la mise en place du filet pare-torpilles qui doit protéger le navire de ligne Jean Bart.
Voici une vue du Marie-Mad durant cette période avec peint sur le pavois de toile de la passerelle les marques de neutralité.
Lors de l'opération Torch, quatre chalands de débarquement transportant 113 MP quittèrent le transport USS William P. Biddle pour rallier la plage jaune à Fédala. Les quatre embarcations s'égarèrent dans la nuit et arrivèrent sur rade de Casablanca. A 6h15, le chaland de tête apercevant un navire de guerre mouillé le hèle pour lui demander son chemin. Il s'agissait de l'aviso-dragueur La Gracieuse qui ouvrit le feu à la mitrailleuse d'abord puis au canon. Deux des chalands sont coulés tandis que les deux autres, plus en arrière, peuvent faire demi-tour sans être aperçus. La Gracieuse recueille 38 Américains tandis que la 5ème SD en repêche 20.
Durant la période 1939 - 1942, la Marie-Mad est placé sous les commandements successifs des Enseignes de Vaisseau Guilloteau, Le Hétét et Plaisant puis des Maïtres Princiapux Leveque, Blanquart et Guérin.
Le 13 novembre 1943, les dragueurs AD 52 Fructidor et AD 148 Marie-Mad, détachés de la 5ème SD, arrivent à Ajaccio où ils rejoignent le chasseur de sous-marins CH 3, navire frère des UJ 6077 ex CH 4 et UJ 6085 de la 6ème Sicherung Flottille. Les trois navires constituent les Forces Navales de Corse.
Dans la nuit du 23 au 24 novembre, le Marie-Mad doit assurer la veille au large pour prévenir une éventuelle attaque d'un raider ennemi. Veille visuelle uniquement car il ne possède ni radar ni Asdic. A 4h00 le 24, le CH 3 doit le relever. Quand le CH 3 se présente à l'ouvert du golfe d'Ajaccio, la nuit est noire, le ciel bas et les grains violent. Un fort vent de Nord-Ouest soulève des vagues creuses qui pénètrent dans le golfe et l'obligent à demeurer en dedans des îles Sanguinaires sans voir le Marie-Mad. Au petit jour, ce dernier n(est toujours pas rentré au port. Les sémaphores et les PDT des batteries de côtes fouillent l'horizon en vain tandis que le poste radio de Marine Ajaccio essaie tout aussi vainement de contacter le dragueur.
Les Spitfires de l'aérodrome de Campo del Oro et les torpilleurs Forbin et Basque fouillent la côte et le golfe de Valinco sans plus de résultats.
Le 25 novembre, une patrouille de marins qui explore la pointe Isolella aperçoit sur une plage entre celle-ci et la pointe de Porticcio des débris divers dont des brassières de sauvetage type marine et des cochonets de drague. Interrogés les habitants voisins déclarent avoir entendu le 23 vers 20h00 une forte explosion mais n'avoir rien aperçu. Le 26, les habitant déclarent à la patrouille revenue sur les lieux avoir entendu une autre explosion dans la nuit. La patrouille retrouve alors d'autres débris et surtout quatre mines échouées au rivage. Il ne fait alors aucun doute que la malheureuse Marie-Mad avait heurté une mine à la dérive et s'était engloutie avec la totalité de son équipage : 17 hommes commandé par le premier-maître timonier Le Goff.
En décembre, des navires plus modernes, les chasseurs de sous-marins ex-américains CH 51 et CH 52, les vedettes de port VP 4 ex HDML 1240 et VP 7 ex HDML 1133 et le remorqueur AD 236 Saint Charles rallient les Forces Navales de Corse.
En 1944, le trois-mâts à moteur Marie-Stella est renfloué à Bastia et mis en service par la Royale comme petit transport de 1944 à fin 1947 sous le nom de P.M. Le Goff.
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Alain