Sous-marin Protée coulé par une mine

A moins de 40 km de Marseille, le sous-marin français libre Protée semble avoir été victime d'une mine allemande vers le 20 décembre 1943, 74 morts :

http://www.sectionrubis.fr/spip.php?article72

http://www.sous-mama.org/dimanche_18_decembre_2005_ceremonie_en_hommage_au_sous-marin_protee_article344.html

Il y a une plaque commémorative que la digue de Cassis qui rappelle ce drame

à Sainte Baume, à agneti, à tous,
Merci de parler de ce sous-marin dont on doit savoir qu'il a été coulé par une mine à orin (mine immergée entre deux eaux par un câble amarré au fond).
Je travaille sur ce dossier depuis longtemps car la mission de ce sous-marin avait un caractère très secret dont on se garde bien de parler et dont on ne sait toujours rien aujourd'hui.
Tous les membres d'équipage sont à l'intérieur du sous-marin...
Les familles de l'équipage ont demandé que le sous-marin ne soit pas renfloué et ouvert (comme cela était envisagé), considérant qu'il s'agit de leur sépulture définitive.
L'accès aux informations sur les membres d'équipage Britanniques est toujours classé secret et impossible à obtenir...
Je cherche à savoir si le PROTEE a touché la mine avant mouillage ou après appareillage ?
Merci.
L'étroit mousquetaire

JE SAIS SIMPLEMENT QUE LE SOUS MARIN VENAIT DES COTES ALGERIENNE ET QUE L UN DES MEMBRES D EQIPAGE S APPEL JEAN BUONO PREMIER MARI DE MA GRD MERE

NOUS SAVONS AUSSI QUE LE SOUS MARIN A DISPARU VERS LA PERIODE DE NOEL

Bonsoir,
L'épave repose par 125 mètres de fond au Sud de la Cassidaigne cap au 285°. C'est à dire que le sous-marin faisait route parallèlement à la côte en se dirigeant vers Planier.
D'après le CV Huan, historien maritime et ancien sous-marinier, deux hypothèses sont possibles sachant que les ordres du Protée étaient de faire route sur un point situé à 65 nautiques dans le Sud de Toulon avant de rallier le secteur SW devant Marseille.
1) la traversée Alger - côtes de Provence s'étant effectuée par gros temps, le Protée avait reconnu la côte quelque part entre Cassis et Toulon, puis, ayant déterminé sa position par observation périscopique des hauteurs, avait mis le cap sur Marseille et avait pénétré dans le champ de mines de la Cassidaigne dont les services de renseignements alliés ignoraient l'existence.
2)Le 23 décembre, deux convois allemands sont à la mer font route sur Marseille. Le premier est le convoi 5306 composé des péniches Tubingen, Wittenberg et Pouvoir escortées par les dragueurs M 6041, M 6044, M 6045 et M 6047 qui a appareillé de La Ciotat à 9h00 (heure allemande) et arrive à Marsielle à 12h25. le second est le 5308 qui vient de Gènes et comprend le paquebot Imérethie II et les pétroliers Foligno et Bitonto sous escorte des UJ 2208, UJ 2210, R 198, R 200 et R 212. Ce convoi entra à Marseille entre 13h10 et 13h40. Le Protée, ayant aperçu un de ses convois, aurait pénétré dans le champ de mines en chassant une position d'attaque.
Côté allemand, le sous-marin ne fut à aucun moment repéré et n'a pas été engagé par les navires de la 6ème Sicherung Flottille. Ce fait est confirmé tant par le KTB de la 6ème que par une correspondance entre le CV Huan et le kapitan Polentz, commandant la 6ème.
Pour mémoire, les secteurs ST (Camarat) et SU (Toulon) étaient occupés par le Curie et le Casabianca. Le 25, un ordre radio d'Alger prescrivit au Casabianca de relever le Curie qui rentrait à la Maddalena et au Protée de relever le Casabianca devant Toulon. Le 22 le Casbianca coulait devant Toulon l'UJ 6076 et le 27 avariat devant Camarat le Chisone qui put être ramené à Toulon. On retrouvera son épave dans un des grands bassins à la Libération.
Cordialement
Alain

à Capu Rossu,
Merci de ces précisions.

Pour le reste, c'est toujours en

Cordialement.
L'étroit mousquetaire

sait-on précisément où les Allemands avaient mouillé ces champs de mines défensifs?

Voici un schéma des zones de patrouilles des sous-marins alliés avec les champs de mines allemands, 2831 mines.



@+
Alain

Merci pour la carte
Grosse concentration de mines entre Sète et Marseille.

A l'est d'Hyères les côtes plongent à pic dans la mer donc il est difficile d'y mouiller des mines.

Agneti a écrit :

Citation :

A l'est d'Hyères les côtes plongent à pic dans la mer donc il est difficile d'y mouiller des mines.

A L'Est des îles d'Hyères, seule la baie de Fréjus - Saint Raphaël avait été protégée par un champ de mines. Plus à l'Est, les eaux italiennes présentent le même problème mais des champs de mines ont néanmoins étaient posés à l'aide de mines spéciales pour grands fonds, c'est à dire avec des orins importants et plus résistants.

Hautpoul a écrit :

Citation :

Grosse concentration de mines entre Sète et Marseille.

Pour les Allemands, les points de débarquement plausibles étaient la baie de La Ciotat et la côte languedocienne. Plages en pente douce et possibilité de gagner facilement, surtout dans le Languedoc, l'arrière pays.

Les Alliés ont préférés les petites criques de Provence pour deux raisons : la proximité des terrains de Corse pour bénéficier d'un appui aérien le plus complet possible et ne pas à avoir à forcer le franchissement du Rhône pour attaquer Toulon et Marseille.

@+

Alain

l'étroit mousquetaire a écrit:

la mission de ce sous-marin avait un caractère très secret dont on se garde bien de parler et dont on ne sait toujours rien aujourd'hui.

Bien intriguant que tout cela
Il me semblait que le Protée était "simplement" en patrouille le long de la côte française.

Suggères-tu qu'il devait par exemple débarquer ou embarquer des passagers quelque part sur la côte? ou bien qu'il devait guetter la sortie d'un navire ennemi en particulier pour le couler?

Je reprends votre échange sur le Proté en rebondissant également sur la discussion relative aux radars sur le massif du bec de l'aigle. Pensez-vous possible (plausible) qu'un sous-marin allié ait pu sortir de l'eau au niveau de l'anse de Figuerolles à La Ciotat, décharger des personnes et/ou du matériel et repartir vers les fonds sans se faire repérer?
Cela me semble vraiement compliqué mais une rumeur persiste à La Ciotat disant qu'un sous-marin est effectivement remonté à Figuerolles. Des gens donnent même le nom du résistant local qui se serait chargé chargé de l'opération et aurait servi de contact. Sauf que cette personne en question est morte dans les années 70 et ne s'est jamais vantée d'un tel acte. Elle n'en a d'ailleurs jamais parlé autour d'elle.
Bon, je continue à gratter.
sebouli
ps: les commémorations en mémoire du Proté ont lieu chaque année en juillet à Cassis

Bonjour à tous,
Je m'intéresse aux bâtiments de la guerre 39/45.

Je connais un site très documenté sur les bâtiments français: alamer.fr avec une recherche pratique par ordre alphabétique.

Voila ce qui est dit sur le PROTEE
Chantier: Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne sur Mer
31 Juillet 1930 Lancement, 1 Novembre 1932 Mise en Service, 29 Décembre 1943 Coulé devant Marseille par une mine

Quatres chapitres sont renseignés:

Rôles:
Embarquement, noms des marins à une date donnée, 90 en 1943

Journal de Bord:
Evénement majeur du ss marin, le 4 Juillet 1940 L'accord d'Alexandrie, dernier événement, prise de commandement par Georges MILLE le 19 Décembre 1943

Caractéristiques Techniques:L, l, etc dont composition de l'équipage
Effectif indiqué:
5 Of, 14 Of Mariniers, 45 QM et Marins

Armement:Arti ppale 1 Canon 100 mm
Arti Anti-Aérienne 2 x 13.2 mm
Tube Lance Torpilles 9 x 550 + 2 x 400 mm

Rien n'est dit sur les éventuelles missions "secrêtes" dans la marine tout est inscrit sur le journal de bord, s'il n'a pas disparu on peut suivre les déplacements, les missions etc....C'était secrêt pour l'ennemi.....Avant qu'il ne découvre lui même!
Ces missions n'auraient pu venir que de l'Etat Major de la Marine, donc connues par lui!

Il y a peut être le nom du grand père de notre collègue?

Cordialement
A + Gloire

Bonsoir,
Je reproduit ici (copié-collé) les informations sur le sous-marin PROTEE d'après le site :

http://www.sectionrubis.fr/spip.php?article72

LA PERTE DU PROTEE

Le 18 décembre 1943 le sous marin Protée commandé par le lieutenant de vaisseau Millé appareille d’ALGER avec 74 hommes à bord, dont trois Britanniques, pour une patrouille au sud est de MARSEILLE. Son retour est prévu pour le 31 décembre à ALGER. Le Protée n’a jamais accusé réception d’un message envoyé le 25 décembre, lui demandant de permuter de secteur avec le Casabianca. Il a vraisemblablement disparu aux alentours du 20 décembre.

Le 6 avril 1995, le Protée est découvert par le directeur de la COMEX, Henri DELAUZE, qui opère à bord du sous-marin d’exploration REMORA 2000. L’épave gît sur un fond de 125 mètres, sur le plateau des Blauquières, près de la fosse de Cassidaigne, à 20 milles de MARSEILLE. Le sous-marin repose à plat, légèrement incliné. De l’examen il ressort que le Protée a heurté une mine qui n’a endommagé que le kiosque. Tous les panneaux sont fermés. L’épave, est en état de conservation remarquable et contient encore les corps de l’équipage. Elle a été déclarée « sépulture maritime » par la Marine Nationale.

74 victimes dont 3 Britanniques

Cdt au 19.12.1943 : LV Georges MILLÉ

Etat Major : LV Frédéric. VIÉ - I.M Louis LAUBIE - EV René DUBOIS - EV Robert ETIENNE

Equipage : GILLET Jean - L’HERMITE Jean-Yves - VARLET Georges - CASE Jean - CUFF Pierre - LE FOLL Noël - LABBE Joseph - BURTEY René - RIOU Albert - CATHOU Roger - VILLALARD Frédéric - CAMENEN Joseph - GUENVER Victor - BRIANT Marcel - AUBERT René - PUJOLS André - JOUANJEAN Olivier - LE GOULM Henri - JAGOT Pierre - MARTIN André - BASSARD René - RAVARD - SEBIRE Pierre - LAGAT Jacques - BARBIER Jean - FORTUNY Michel - KERVAREC Mathieu - BUONO François - BULBER Etienne - NICOLAS Albert - PERON Jean-François - CURTET Gilbert - CECCALDI Pierre - JOUAN Auguste - FAROULT Raphaël - LECLEACH Eugène - GIRAULT Emile - QUILLIEN Joseph - PAPENHOFF Georges - JARDIN Pierre - KERLOCH Raymond - BOUVIER Louis - CHAPUIS René - BLANDAMOUR André - BARRES Georges - LEFEBVRE André - VOILLAT Robert - THEVENARD René - POIROT Séraphin - GUILLOU Ernest - LE DUC Joseph - SEILER Auguste - ROUSSEAU Robert - FRELIN André - BONJEAN André - BAZIN Pierre - LABORIE Maurice - ANDRE Louis - LE CHANTOUX Yves - LAMOTTE André - FAVALI André - MOURET Guy - MAGGIOTTI Paul - BARBREAU Marcel - MAURICE Paul - VIAUD Lucien -


Equipe de liaisons Britanniques : S/Lieutenant DAWAEL Aurian - Acting leading signalman USHERWOOD John - Acting leading - télégraphist COLLIER Denis -

Si quelqu'un peut nous dire que faisaient ces agents Britanniques à bord ? (Car il s'agit d'agents...)

L'E.M.

Bonsoir Mousquetaire,
J'ai été voir le site que tu sites.....Il est spécialisé ds les ss marins!
Tu as bien réussi ton copier/coller moi je n'ai pas pu le faire avec alamer.fr?

Qques remarques:
sur les marins embarqués, il y a 10 d'ecart, tu penses que c'est possible? Ou logeaient-ils puisque l'équip est prévu à 64 suivant les caractéristiques techniques!

Si c'est normal d'avoir des britanniques embarqués sur le RUBIS puisque l'équipage sauf trois a rejoint les FNFL et le bâtiment a été intégré à la R.N. dès l'armistice....


Pour le PROTEE qui indéniablement a rejoint les FNFL, avec des Britaniques militaires spécialistes de la communication on peut imaginer qu'il sont là pour de la surveillance et de l'info sur les mouvements des allemands.
En général ils étaient en AFN pour du renseignement (les Sces secrêts polonais) ou en france pour contacter les FFL.

Il faut s'occuper du débarquement qui n'est pas si loin!

A suivre

Les sous-marins français mis en ligne par Marine Alger en 1943 -1944 opéraient sous commandement britannique. Le commandant de la 8° Flottille, captain Fawkes, avait sa marque à bord du ravitailleur de sous-marins HMS Maidstone à Alger d'où opéraient les 8 sous-marins britanniques de la flottille. Les sous-marins français étaient basés à Oran pour leur entretien et dès qu'ils étaient disponibles, venaient prendre leurs ordres de mission à Alger. Une seule exception, le Casabianca demeura à Alger pour être au plus près des organismes anglais et américains qui avaient mission d'armer les patriotes français.
En janvier 1944, la 8° Flottille fut remplacée par la 10° Flottille à La Maddalena.
Pour faciliter les liaisons avec la flottilles et la transmission de signaux, chaque sous-marin embarquait une équipe de liaison britannique de trois hommes : un officier, un radio et un timonier.
Je rappelle que dans les marines de guerre, le timonier n'est pas l'homme de barre comme dans la marine marchande, mais un spécialiste des transmissions par signaux lumineux (scott), signaux par pavillons flottants et signaux à bras.

@+
Alain

Bonsoir,

Bravo à Capu Rossu pour son excellent post sur la question !

L'E.M.

Bonsoir,
Je répond au post de GLOIRE qui n'a pu copier-coller le texte :

http://alamer.fr/index.php?NIUpage=1

PROTÉE - sous-marin - Classe «REDOUTABLE»
Chantier : Forges et Chantiers de la Méditerranée à la Seyne-sur-Mer (France)
31 juillet 1930 (Lancement) - 01 novembre 1932 (Mise en service)
29 décembre 1943 (Coulé par une mine allemande devant Marseille)
Contacter l'association au sujet de cette unité...

Opération(s) en relation avec cette unité...
L'accord d'Alexandrie

Rôles...
Embarquement 1938
GRAS
Embarquement 1940
GARREAU
Embarquement 1943
ANDRE L. - AUBERT R. - BARBEAU M. - BARBIER J. - BARBREAU M. - BARRES G. - BASSARD R. - BAZIN P. -BLANDAMOUR A. - BONJEAN A. - BOUVIER L. - BOUVIER L. - BRIANT M. - BUBLER É. - BULBER E. - BUONO F. - BURTEY R. - CAMENEN J. - CAMENEN J. - CASE J. - CATHOU R. - CECCALDI P. - CHAPUIS R. - COLLIER D. - CUFF P. - CURTET G. - DAWAEL A. - DUBOIS R. - ETIENNE R. - FAROULT R. - FAVALI A. - FORTUNY M. - FRELIN A. - GILLET J. - GIRAULT É. - GUENVER V. - GUILLOU É. - JAGOT P. - JARDIN P. - JOUAN A. - JOUANJEAN O. - KERLOCH R. - KERVAREC M. - LABBE J. - LABORDE M. - LABORIE M. - LAGAT J. - LAMOTTE A. - LAUBIE L. - LE CHANTOUX Y. - LE CLEACH E. - LE DUC J. - LE FOLL N. - LE GOULM H. - LECLEACH E. - LEFEVRE A. - LHERMITTE J. - MAGGIOTTI P. - MARTIN A. - MAURICE P. - MOURET G. - MOURET G. - NICOLAS A. - PAFFENHOFF F. - PAPENHOFF G. - PERON J. - PERON J. - POIROT S. - PUJOLS A. - QUILLIEN J. - RAVARD Y. - RIOU A. - ROUSSEAU R. - SEBIRE P. - SEILER A. - THEVENARD R. - USHERWOOD J. - VAILLALARD F. - VARLET G. - VARLET G. - VIAUD L. - VIÉ F. - VILLALARD F. - VOILLAT R. - MILLÉ G.


Journal de bord...
Date... Evènement
06 février 1928 Tranche 1927 - Mis en chantier
04 octobre 1928 Mis sur cale
31 juillet 1930 Baptisé PROTÉE
15 novembre 1930 Armement pour essais
11 juillet 1931 Présentation en recettes
15 mai 1932 Entrée en armement définitif
13 juin 1932 Clôture d'armement
01 novembre 1932 Armateur : Marine nationale (FRANCE)
31 août 1938 Prise de commandement : GRAS
25 juin 1940 Prise de commandement : GARREAU
04 juillet 1940 L'accord d'Alexandrie
19 décembre 1943 Prise de commandement : Georges MILLÉ

Caractéristique(s)...
Déplacement : 1 379 tW 1 570 tonnes en surface 2 060 tonnes en plongée
Dimensions : Longueur : 92,30 m Largeur : 8,20 m Tirant d’eau : 4,70 m
Propulsion : 2 moteurs diesel Sulzer ou Schneider-Carel - 2 moteurs électriques
Puissance : Diesels : 6 000 cv Électriques : 2 250 cv
Vitesse : 18,6 nd en surface 10 nd en plongée
Combustible : 95 tonnes
Autonomie : 5 069 nautiques à 10 nd en surface 100 nautiques à 5 nd en plongée
Effectif : 5 officiers - 14 officiers mariniers - 45 quartiers-maîtres et matelots

Armement(s)...
Artillerie principale
1 canon de 100 mm/40 Mod 25 et 150 coups

Artillerie antiaérienne
2 mitrailleuses de 13,2 mm AA (1 canon jumelé)

Tube lance-torpilles
9 TLT de 550 mm avec 12 torpilles - 2 TLT de 400 mm

Salutations,

L'étroit mousquetaire

voila un petit blog avec plan de masse petite histoire du sous matin protèe


http://matostek.over-blog.com/

La Provence le lundi 06 août 2012

Citation :

Ils veulent faire la lumière sur la tragédie du sous-marin

Baptisée "Orion", une expédition sous-marine conduite par Jean-Michel Pontier, plongeurs et médecin hyperbare, avec le soutien de la société toulonnaise Deep-Sea-Odyssey va tenter de réaliser des images inédites du sous-marin français Protée, qui repose par 125 m de fond, sur le banc des Blanquières, à environ 15 km au Sud de Cassis.

Le bâtiment avait coulé alors qu'il patrouillait le long du littoral, entre le 18 et le 25 décembre 1943, peut-être après avoir heurté une mine allemande à orin. Découverte par hasard en 1995 par la Comex, cette émouvante sépulture sous-marine renferme toujours les corps des 74 marins du Protée, dont celui de l'un des radios du bord, le second-maître René Buretey.

Son petit-fils Jean, aujourd'hui âgé de 35 ans, s'est en effet associé à cette aventure dans l'espoir de pouvoir rendre hommage à son grand-père et déposer sur l'épave la médaille militaire qui lui avait été décernée à titre posthume. Utilisant les matériels de prise de vue les plus modernes, la mission Orion" devrait débuter en novembre prochain.

Ph.G.

Citation :

La Provence dimanche 12 août 2012


toile de Michaël Johnson

Une expédition sous-marine à laquelle participe le petit-fils de l'un des 74 marins disparus lors du naufrage du "Protée", en décembre 1943 au large de Cassis, va tenter de déterminer la cause exacte de cette tragédie.

En soulevant le couvercle d'une vieille boîte de souvenirs découverte dans le grenier de ses parents, c'est tout un pan de son histoire familiale que Jean Burtey a fait ressurgir du passé. Une histoire dramatique dont il avait vaguement entendu parler au cours de son enfance mais au sujet de laquelle aucun de ses proches ne s'était appesanti. Depuis ce jour funeste de 1945 où la Marine est venue annoncer officiellement à sa grand-mère que son époux ne reviendrait plus, la douleur fut si lourde à porter et à partager que le sujet devint tabou, enfoui à jamais dans les profondeurs de la Méditerranée.

Mais aujourd'hui, à 35 ans, Jean Burtey décide de briser le silence. Ému par la fin héroïque de cet aïeul qu'il n'a pas connu mais dont il a retrouvé des photos, des documents et même la Médaille militaire, il s'est pris de passion pour l'énigme du naufrage du sous-marin Protée à bord duquel René Burtey disparut en décembre 1943. Dans cette quête, sa rencontre avec Jean-Michel Pontier allait se révéler déterminante. Médecin hyperbare, chef de l'école des plongeurs démineurs mais surtout passionné d'aventure et d'exploration sous-marine, ce dernier avait lui même été attiré par l'affaire du Protée grâce à un document exceptionnel.

Etendus sur leurs bannettes, endormis pour l'éternité...

"Quand j'ai vu l'extraordinaire tableau réalisé par Michaël Johnson à la demande de la Comex, ça a été le déclic. Je me suis dit qu'il fallait absolument que je plonge sur le Protée, au plus près de ces hommes admirables. Je voulais comprendre ce qui s'était vraiment passé, ce qu'ils avaient vécu, et surtout je voulais le faire savoir pour qu'on n'oublie pas leur sacrifice". Car Jean-Michel Pontier est bouleversé par cette sépulture sous-marine à l'intérieur de laquelle reposent toujours les corps des 74 membres de l'équipage. "Des compartiments n'ont peut-être pas été envahis par l'eau et peuvent avoir joué le rôle de sarcophage. Certains marins sont sans doute encore étendus sur leur bannette, comme endormis pour l'éternité".

Et d'ajouter : "Nous leur devons le plus grand respect et la plus grande reconnaissance. ll n'est pas question de toucher à quoi que ce soit et encore moins d'essayer d'ouvrir un panneau pour pénétrer à l'intérieur". Avec une équipe de plongeurs aguerris constituée de Stéphane Blanfune, responsable des opérations ROV, Bertrand Hemard, responsable des prises de vue sous-marines, et Nicolas Febvay, responsable des opérations de plongée, Jean-Michel Pontier met alors sur pied une expédition dans la grande tradition des aventures du commandant Cousteau. Martine Mahoux, chargée de la logistique, et Christelle Marques, pour la communication, complètent le dispositif.

Le programme est extrêmement ambitieux, mobilisant des moyens humains, techniques et financiers très importants. "Il s'agit tout d'abord d'investiguer l'épave à l'aide d'un robot sous-marin (ROV) piloté à partir d'un navire de surface, puis d'effectuer des plongées humaines au mélange Trimix (hélium, azote, oxygène) qui nous offrent 15 petites minutes sur site pour 3 heures de décompression. Dans un second temps, le but est d'organiser une campagne de plongées à saturation permettant aux plongeurs de séjourner de 2 à 4 heures au fond en respirant de l'Héliox (hélium-oxygène)".

Mais le plus difficile sera sans doute de réunir les fonds nécessaires : environ 30 000 € pour la première phase et près de 300 000 € pour la seconde. Jean-Michel Pontier a cependant bon espoir d'associer à l'aventure des entreprises locales et nationales. Les premières images tournées au moyen de ROV sont attendues avant la fin de l'année. Quant aux plongées à saturation, elles pourraient débuter en 2013 ; exactement 70 ans après le naufrage du Protée…

Philippe GALLINI (pgallini@laprovence-presse.fr)

Citation :

Des compartiments n'ont peut-être pas été envahis par l'eau et peuvent avoir joué le rôle de sarcophage. Certains marins sont sans doute encore étendus sur leur bannette, comme endormis pour l'éternité".

Si le sous-marin était en navigation ordinaire et non pas aux postes de combat, ce qui est probable, aucune porte étanche n'était fermée et l'eau a tout envahi en quelques secondes. A 60 mètres de profondeur, la pression est de 6 kg/cm² donc même si la brèche est de taille réduite, l'eau va pénétrer en force et grande quantité et ce phénomène va aller en s'accentuant au fur et à mesure que le sous-marin va s'enfoncer. Un tiers de l'équipage était à son poste et les deux autres tiers dans les postes. Ceux d'entre-eux qui étaient dans leurs bannettes (couchettes) y sont toujours, pas momifiés mais sous forme de squelettes.

@+
Alain

Hommage et nouvelles recherches :
http://www.defense.gouv.fr/marine/actu-marine/hommage-aux-sous-mariniers-du-protee