Hans Fahrenberger, pilote de la Lufwaffe dans le Südfrankreich au printemps 1944, était instructeur sur Bf 109 en Avignon.
Nous l'avions rencontré en Allemagne, c'était un homme comme vous et moi, et, sans honte aucune, non pas un pilote à l'esprit "nazi", mais un passionné de vol à voile, d'avion, un rêveur, entrainé à ses 20 ans dans le tourbillon de la folie des hommes.
Hans n'a jamais vraiment combattu dans le ciel de Provence, à ce qu'il en disait d'ailleurs, c'était un "piètre soldat", un homme tout simplement qui aimait la vie et les avions (il y en a de partout dans le monde des gens comme cela... et heureusement).
Sauf qu'en ce jour du 7 mars 1944, il est appelé en renfort pour "contrer" l'armada de la 15th USAAF qui déboule sur le secteur Toulon/Marseille.
Bref, pour une raison bien autre pour lui qu'un improbable combat aérien qu'il aurait certainement perdu d'avance en ce qui le concerne... contre des P-38 Lighnting d'escorte, il a peut-être la chance que le moteur de son G6 toussote soudainement en commençant à dégager une importante fumée envahissant rapidement le cockpit.
Problème, Hans est au-dessus des nuages et isolé. Il plonge et sous lui... s'ouvre la mer (il ne sait plus où il est situé à ce moment-là).
Hop... une île devant lui, il reconnait Planier, au sud de Marseille. L'approche des abords de l'île train rentré et volets tous sortis s'effectue impeccablement, verrière ouverte... Il se désharnache et l'avion améri à plat, légèrement cabré, mais la mer est houleuse et immédiatement l'eau envahie par paquets le poste de pilotage.
Le 109 coule aussitôt sans que Hans n'ait put se dégager. Dans un fort élan, il sort plus ou moins de l'étroit fuselage lorsqu'une "main salvatrice" va le tirer vers le haut... sous la forme de son parachute tape-cul qui s'est ouvert et le ramène vers la surface.
Il est sauf, le Bf a lui coulé sur un fond en très légère pente par 45 mètres mètres, au pied et côté nord de Planier.
Hans aura du mal à grimper sur la côte acore de l'île. Finalement il y arrive, épuisé. Il se déshabille pour faire sécher ses vêtements de vol et visite l'île détruite et abandonnée jonchée de pierres provenant du grand phare démoli volontairement. De nombreux panneaux ont trouvés place aussi sur lesquels il peut facilement lire "Achtung Minen...".
Le temps passe lentement jusqu'à un bruit de moteur d'un chasseur en maraude... C'est un 109, isolé...
Hans fait des gestes dans tous les sens, le pilote du 109 passe puis disparait de sa vue. Le pilote est un de ses collègues qui essayait de le... rechercher. Il s'agissait de Gorg Althortoff, lui en unité de chasse.
Par radio, Althortoff avertit qu'un individu non identifié et en petite tenue gesticulait dans tous les sens sur Planier, alors strictement interdite à toute personne par les Allemands, sans se douter qu'il s'agissait de son compère.
En fin d'après-midi du 7 mars une vedette partie de Marseille se rendit sur les lieux... Hans était sauvé. Il survivra à la guerre.
Hans nous a quitté il y a 2 mois, le 10 octobre dernier à Munich, nous venons juste d'en être informés. Il avait 90 ans.
Il restera désormais de son passage en Provence, l'épave de son Bf 109 G, qui est une des plus belles et que des milliers de plongeurs sous-marins ont déjà pu voir et verront encore pour longtemps...
Au revoir Hans.
(Merci à Lino von Gartzen et Luc Vanrell).