Dès 1943, le CFLN reçoit à Alger un mémoire pour la rectification de la frontière et le rattachement à la France des deux communes, qui est rédigé pour l’essentiel par le
docteur Paschetta, président du Club Alpin Français de
Nice. Un article paru dans
Combat de Nice le 10 septembre 1944 formule la même revendication, reprise par le CDL des
Alpes-Maritimes le 4 octobre. Un
Comité d’études pour la rectification de la frontière franco-italienne dans les Alpes-Maritimes, présidé par
Joseph Levrot (directeur de la bibliothèque municipale de
Nice), est créé le 15 septembre, transmettant, en décembre, un mémoire de 46 pages au ministre des Affaires étrangères
Georges Bidault et au chef du gouvernement provisoire
Charles de Gaulle.
Le 18 septembre, sous l’impulsion du Brigasque
Aimable Gastaud, se constitue le
Comité pour le rattachement de Tende et La Brigue, présidé par
Charles Fenoglio, encadrant les natifs et originaires de la Haute-Roya résidant dans la région niçoise et jouant le rôle d’un groupe de pression sur les autorités.
La Haute-Roya demeure occupée par les troupes allemandes jusqu’au 26 avril 1945, date de l’entrée des tirailleurs algériens du 29e RTA à
Tende et
La Brigue, à l’issue des durs combats de l’Authion. Deux jours plus tard, un convoi de 320 Tendasques et Brigasques résidant sur le littoral quitte
Nice à destination de la Haute-Roya afin de porter secours aux populations et d’attiser le courant francophile, au moyen d’affiches (rappelant le vote émis en 1860, proclamant la déchéance des autorités italiennes ainsi que l’attachement à la France) et de drapeaux tricolores.
Le 29 avril, dans la liesse de la libération, un plébiscite est organisé par le Comité et ceux qui prennent part au vote s’expriment en faveur de la France : 694 oui et 38 abstentions à
La Brigue (les hameaux de Piaggia, Carnino et Upega n’ont pu être consultés), 1 076 oui à
Tende. Une administration provisoire française est installée et les membres du Comité dirigent les municipalités. Le 6 mai, le
général Doyen préside une prise d’armes à
Tende, au cours de laquelle il déclare : « La Roya coule vers la France, vos cœurs vont vers la même direction ».
Les pressions exercées par les Anglo-Saxons imposent le retrait des troupes françaises à compter du 10 juillet, dans un climat d’extrême tension suscitant le départ de plusieurs dizaines de partisans de la France craignant des représailles de la part des autorités italiennes qui se réinstallent, sous le contrôle d’une mission interalliée.
Paris accueille en 1946 des conférences qui règlent la délicate question frontalière avec l’Italie, sanctionnée par le traité signé le 10 février 1947 :
Tende et
La Brigue deviennent français (ainsi que les hameaux de
Piene et
Libre rattachés à
Breil), tandis que les hameaux brigasques de Carnino, Piaggia, Realdo, Upega, situés au-delà de la ligne de crête, demeurent italiens malgré les protestations de leur population et le recours adressé à l’ONU.
Le transfert de souveraineté intervient le 16 septembre 1947 dans un climat de fête, en présence du préfet Haag. Un plébiscite, supervisé par des observateurs internationaux est organisé le 12 octobre : prennent part au vote les personnes nées ou domiciliées dans les deux communes, celles nées d’au moins un parent originaire de
Tende ou
La Brigue, ainsi que les personnes non originaires de cette région installées avant l’avènement du fascisme.
La participation est très forte (95 %) et le dépouillement du vote confirme sans ambiguïté la conviction des négociateurs du traité de Paris : 1 445 oui et 76 non à Tende (soit 94 %), 759 oui et 26 non à La Brigue (soit 96 %), alors que les habitants de la Basse-Roya manifestent moins d’enthousiasme (68 % de oui à Libre et 65 % à Piene). Peu après,
Pierre Dalmasso est élu maire de
Tende et
Aimable Gastaud maire de
La Brigue. Un canton de
Tende est créé en 1951 avec les deux communes rattachées :
Aimable Gastaud en est élu conseiller général.
Marc ORTOLANI – Jean-Louis PANICACCI
sources: Nice rendez-vous