Bonjour
Jory, les canons de Vézelise sont bien connus.
Ci-dessous un extrait d'article concernant les combats sur la Somme de juin 1940, que j'ai publié il y a quelques temps sur un autre forum.
Les canons de Vézelise y sont évoqués.
JJ
Suite...
Malgré tout, quelques faits d’arme remarquables doivent être relevés. Entre-autres, celui de la batterie de chasseurs de chars 54/11 (2). Cette unité, affectée à la 4e DCr le 25 mai, passe à la 5e DIC le 5 juin (groupement de Langles de Cary, comprenant le 7e régiment de cuirassiers et le III/7e régiment de dragons portés). La batterie est équipée de cinq chasseurs de char Laffly W15 TCC, mariage du remarquable véhicule tous-terrains Laffly W15 T avec le non moins remarquable canon antichar de 47 mm Mle 1937. Celui-ci, débarrassé de ses flèches, et monté sur un support permettant le pointage sur 60°, tire en retraite.
Laffly W15 TTC photographié devant l'usine Laffly
Le Laffly W15 T
Pour exemple, ces canons de 47 Mle 1937 encore visibles de nos jours, ont été abandonnés en juin 1940 à Vézelise,
au sud de Nancy, faute d'avoir pu leur faire franchir un pont détruit sur la rivière Brenon.
Ils ont été jeté dans la rivière par leurs servants, puis, repéchés après la guerre, ils ornent désormais
le monument aux morts de la petite bourgade, à la place de canons de 90, mis en place en 1908
et enlevés par les Allemands en 1941
Ce concept a pris corps dès 1939. Le prototype du véhicule, totalement blindé, est terminé en janvier 1940, et testé dans une unité combattante qui s’en montre satisfaite.
Le prototype, entièrement blindé
Puis il est oublié jusqu’en mai, où la tournure des événements pousse l’état-major à en commander une cinquantaine d’exemplaires. Le temps manquant pour la fabrication des blindages, on réalise une protection simplifiée, en agrandissant le masque de la pièce, et en plaçant un blindage devant le pare-brise. Soixante-et-un exemplaires sont livrés, qui vont se montrer fort utiles, le véhicule se montrant particulièrement bien adapté aux combats en retraite de juin 1940. Il est en outre armé d’un FM Mle 1924-29.
Laffly W15 TTC vu de face. Notez le blindage du pare-brise
Outre ses cinq chasseurs de chars, la batterie est pourvue de camions de transport de munitions et de personnels, d’un véhicule de dépannage, de véhicules de liaison et de motos. Elle dispose d’une section de DCA, armée de trois excellents canons de 25 mm Mle 1939, tractés par des camions de 3,5 tonnes.
Le canon de 25 CA Mle 1939
Le Citroën 45, le modèle le plus courant du camion de 3,5 tonnes
Les personnels sont armés de PM Thompson. C’est donc une unité très moderne, qui préfigure ce qu’aurait du être l’évolution de l’armée française après 1940, si son destin n’avait pas été aussi funeste…
Au cours d’un périple qui va les mener de la région d’Abbeville jusqu’à Ancenis, en passant par Gournay, Lyons-la-Forêt, Versailles et Vannes, d’embuscades en embuscades, la batterie détruit 33 chars et véhicules blindés, dont plusieurs Panzer IV. Et sûrement plus, si on se fie à certain témoignage (3). La section de DCA abat un Messerschmitt Bf 110, le 5 juin (4).
Un seul véhicule doit être abandonné, suite à un problème technique, peut-être du à un impact dans le radiateur, non protégé par un blindage, comme s’en plaint dans son rapport (5) le commandant de la batterie, le sous-lieutenant Brussaux (quel beau commandement, pour un sous-lieutenant !).
Laffly W15 TTC d'une unité indéterminée, abandonné, certainement en panne d'essence, sur la route de la retraite
N’ayant subi aucune perte, ce dernier ramène tout son monde sur la rive gauche de la Loire, mais doit détruire ses matériels sur la rive droite, comme ce sera le cas pour beaucoup d’autres unités, faute de pouvoir leur faire passer le fleuve, les ponts étant détruits.
JJ
2) L’appellation exacte est BACA (Batterie Anti-Char Automotrice), mais le commandant de batterie, dans son rapport, utilise l’expression « batterie de chasseurs de chars ». Je l’ai reprise, car elle me semble plus « guerrière » que l’appellation réglementaire.
3) Le 6 juin, lors d’une embuscade tendu avec trois de ses pièces, au nord de Molliens-Vidame (aujourd’hui Molliens-Dreuil), Brussaux compte treize blindés détruits ou immobilisés par ses canons, alors que le chef de bataillon commandant le 7e Dragons, qui suit l’engagement, en compte 18. Les personnels des blindés immobilisés (probablement dé-chenillés) se déploient pour attaquer les canons. Ils sont repoussés, avec pertes, par les PM des servants.
4) Dans son rapport, le commandant de batterie s’interroge sur l’utilité de la section de DCA. Les Laffly sont utilisés le plus souvent seuls ou par deux, et sont faciles à camoufler. Aucun d’entre eux n’a jamais été attaqué par l’aviation. Le Bf 110 abattu faisait partie d’une formation qui a survolé la batterie, sans l’attaquer. De plus, les canons de 25 CA tractés sont moins mobiles que les Laffly, et ont du mal à les suivre. Dussaux préconise de supprimer la section, et de porter la batterie antichar à huit pièces.
5) SHD Vincennes, archives de la 4e DCr