http://war.megabaze.com/page_html/012-Resistance-Parachuting :
( ... Le 15 août:
Le débarquement des Alliés sur les côtes de Provence étant réussi, il devenait évident que la XIXème armée allemande, forte dans le sud de la France, de plusieurs divisions, allait remonter la vallée du Rhône restée libre du fait des efforts des Français et des Américains axés vers Gap avec pour objectif lointains Grenoble et Lyon.
La route nationale n°86 de la rive droite du Rhône, en Ardèche, bien surveillée par les maquis de ce département, encaissée par endroits et propice aux embuscades, ne tentait pas les Allemands. La route nationale 7 au contraire, dans la Drôme, offrait une bien meilleure sécurité.
Dans l’après-midi les premiers convois importants allemands remontaient vers le nord. Les ponts de Livron sur la rivière Drôme et celui de l’Isère au nord de Valence étaient gardés. Si ce dernier devenait inutilisable, un autre pont à Romans pouvait être emprunté. Par contre le pont de Livron était indispensable à la manoeuvre de retraite de la XIXème armée allemande. En effet, la seule déviation possible par Crest, via la forêt de Marsanne, traversait une zone terroriste donc très dangereuse aux yeux des Allemands.
Il fallait faire sauter ce pont le 15 août à 16 heures 30. Je donnais ordre à Gérard (ex Albert) d’effectuer cette mission (voir document).
Il effectuera cette opération avec son équipe de parachutage dans la nuit du 16 au 17 août. La gigantesque explosion détruit une arche de ce pont sur 27 mètres, trois mètres de trop pour envisager une réparation rapide et comble de chance la rivière était en crue. (fin de citation).
Désormais le sort est jeté. Les IIème, 14ème panzer, les 188ème, 388ème et 516ème divisions d’infanterie, appartenant à la XIXème armée allemande, commandée par le général Von Blascowitz, dont le quartier général est en Avignon, viennent se heurter à la destruction du pont où se concentrent véhicules et troupes, qui constitueront un objectif de choix pour l’aviation et l’artillerie alliées.
Le 18 août:
Le général Truscott, commandant la VIème corps armé américain qui vient de débarquer sur les côtes de Provence, donne à son adjoint, le général Butler, commandant une importante brigade de cavalerie motorisée, l’ordre suivant:
"Foncez droit au nord par la route des Alpes, allez aussi vite que possible, aussi loin que vous pourrez."
Le général s’engouffre sur la route Napoléon que la résistance a pratiquement libérée et entre le 20 août à Sisteron, à 20 h 45. Le général Truscott informé de l’embouteillage de l’armée allemande par suite de la destruction du pont de Livron, lui câble le message suivant:
"Vous ferez mouvement aux premières heures du 21 août sur Montélimar à la vitesse maximum possible. Bloquez dans les parages les routes de retraite de l’ennemi. Remontant la vallée du Rhône la 36ème division us du général Dahlquist. Suit."
Conformément à cet ordre, le général Butler fait effectuer à sa tack force le mouvement demandé. Quittant lui-même Sisteron, il vient établi son P.C. à Marsanne (Drôme) à 5 km de la route nationale 7, met aussitôt son artillerie en batterie dans les bois environnants et commence le pilonnage de l’ennemi.
La destruction du pont de Livron produit pleinement son effet. Sous le feu combiné des canons de Butler et des chasseurs bombardiers du général Eaker de la Méditerranean allies air force, les Allemands perdront au sud de leur ouvrage une impressionnante quantités d’hommes et de matériel.
Quelques jours plus tard le bilan des pertes allemandes pourra être rétabli.
Il s’élévera à 2.500 morts, 3.500 véhicules détruits et 300 chevaux tués. Les chevaux seront enterrés au quartier Veyras. Les américains créeront un cimetière provisoire près de la RN 7, à la hauteur du lieu dit "l’homme d’armes" pour enterrer les soldats allemands. Il y aura en outre 3.000 prisonniers.
Le général Butler cite dans ces mémoires:
De Montélimar à Livron, dans la Drôme, routes et voies ferrées étaient jonchées d’épaves de chars, de canons et de véhicules de toutes sortes, des centaines de cadavres d’hommes et de chevaux couvraient la plaine. Il a fallu que le Génie dégage la route au bulldozer pour que nos troupes puissent l’utiliser. La vue de ce secteur, l’odeur qui s’en dégageait sont des expériences que je n’ai aucun désir de recommencer.
Le général de Lassus précise également:
"La XIXème armée allemande a été arrêtée dans ses actions de repli vers le nord, le haut commandement allemand n’a pu reprendre l’initiative des opérations que dans la région de Belfort.
Si la XIXème armée allemande avait pu se replier en bon ordre, il est vraisemblable que c’est au nord de Lyon ou en Bourgogne qu’elle aurait fait front aux troupes alliées et françaises débarquées en Provence.
Pour transformer cette retraite en déroute, il a suffi de la destruction d’un pont par un groupe de F.F.I. de vingt hommes qui eut des répercussions stratégiques. il m’a paru utile de rappeler cet exploit des combattants volontaires de la résistance, grâce auxquels la libération de plusieurs départements eut lieu en avance sur les prévisions, ce qui évita beaucoup de victimes, car les troupes allemandes, par suite de perte de matériel et de munitions, en étaient réduites à des actions défensives. ...)