Bonjour,
Voici un court résumé chronologique de l'histoire de ce maquis:
Printemps 1944 :
Placés sous l’autorité directe de l’ORA (Organisation de la Résistance Armée), les maquis de Bèdes et du Ligourès ont respectivement plus d’une centaine d’hommes chacun dans leurs rangs, avec Jean PERREAUDIN et Jean FRANCHI (directeur à cette époque de l’école du Puy-Ste-Réparade) comme chefs de groupe pour le maquis de Bèdes, et Jules DELEUIL, chef de groupe du maquis ORA du Ligourès. Les 2 maquis sont placés sous les ordres militaires du sous-lieutenant BELLEC.
05 juin 1944 :
Radio Londres diffuse sur toutes les ondes clandestines des réseaux de résistance mais aussi dans les foyers où les familles l’écoutent secrètement ; un message va appeler tous maquisards à la mobilisation armée, la veille du débarquement en Normandie ; ce message dit : « Méfiez-vous du toréador »
A la diffusion du second message, vers 22h, l’alerte est déclenchée ! Dès lors, à Peyrolles, une quinzaine de partisans, parmi lesquels Roger ATHENOUX (qui nous a quittés fin juillet dernier), se retrouvent au n° 6 dans la cour du Château.
Le rendez-vous est donné dans l’appartement occupé par la famille TOURTET : Paul, le père, Marie-Rose, la mère et les 3 enfants. Sous le lourd buffet de la cuisine, Paul TOURTET ouvre la trappe en bois d’une veille cuve à vin ; au fond de celle-ci, il sort une à une des armes issues de différents parachutages qu’il avait dissimulé, les passe aux résistants dont certains, médusés, ignoraient même l’existence ! Dans la cour, Léon REVEST attend au volant de sa Citroën Traction Avant ; une partie des hommes y prennent place, et le plus discrètement possible, le groupe au complet gagne la ferme du Logis d’Anne. Une fois les Peyrollais rassemblés, Emile JULIEN les conduit jusqu’au maquis de Jouques situé au-dessus de la ferme, à environ 2 kilomètres.
08 juin 1944 :
Le responsable du Canton de la Légion Française des Combattants (en clair, la milice…), est arrêté à Jouques par la Résistance, mené au maquis, interrogé puis exécuté.
Le même jour, Jean FRANCHI accompagné d’un autre résistant dénommé SCHNEIDER, ont pour mission de descendre au village chercher des vivres pour alimenter le groupe. SCHNEIDER est accidentellement blessé par FRANCHI qui décide alors de l’accompagner à l’hôpital d’Aix. Mais voilà, bien informés, les Allemands qui tiennent un barrage à l’entrée de la ville, les arrêtent ! SCHNEIDER est remis aux autorités françaises, on n’a jamais retrouvé sa trace…; quant à FRANCHI, livré aux Allemands, il sera torturé afin de lui soutirer des informations.
09 juin 1944 :
Ayant eu connaissance de l’arrestation des 2 résistants, les chefs de l’ORA décident de déplacer le maquis en direction du pont de Mirabeau, sur une colline et dans une zone bien plus boisée (proche des fermes de la Renaude et de l’Adaouste) donc à l’abri des éventuels avions de reconnaissance allemands. Malheureusement cette décision arrive trop tard…les Allemands savent déjà tout, bien informés par une taupe locale et très certainement des informations transmises par ce fameux NOËL, collaborateur à la botte de la SIPO-SD et de son SS-Scharführer Ernst DUNKER ; le sort du maquis de Bèdes est scellé, il est condamné à mort, mais ses hommes ne le savent pas encore !
10 juin 1944 :
Au petit matin, de très bonne heure, le maquis de Bèdes est pris d’assaut par les Allemands : appuyé par un avion de reconnaissance type Henschel Hs 126, il est donné en pâture à la 244ème Division d’Infanterie basée près d’Aix, à des éléments de la Reichsarbeitsdienst (RAD, Service du Travail du Reich) et surtout, à la 8ème Compagnie de la Division Brandebourg dont la spécialité est l’infiltration des maquis puis leur extermination !
J’ai dit « surtout », car il faut savoir que cette 8ème Compagnie était, à plus de 90 %, composée de Français volontairement engagés sous l’uniforme SS…et oui…des opportunistes français avides de reconnaissance, d’argent et extrêmement violents !
L’affrontement est inégal : surpris dans leur sommeil et en sous nombre, les maquisards sont sortis du lit sous le feu allemand et se défendent comme ils peuvent ! Les fermes sont incendiées.
2 jours plus tard, 15 corps sont retrouvés : des pauvres gars sont pieds nus, encore dans leurs couvertures…d’autres sont découverts les mains liées dans le dos avec du fil de fer…15 vies volées, 15 vies assassinées ; parmi ces victimes, Jean FRANCHI (qui avait été arrêté à Aix) est retrouvé : on ne sait s’il succomba à Aix sous la torture, ou amené vivant le 10 juin sur le plateau de Bèdes avant d’être fusillé ? Ils avaient entre 19 et 69 ans !
Informé des évènements, le groupement du Ligourès se dispersa avant d’être repéré par les occupants. Il échappe ainsi à la répression qui anéantit les maquis de Bèdes, puis de Sainte-Anne le 12 juin (85 morts) et de Saint-Antonin-sur-Bayon le même jour (13 morts).
Bonne journée,
Michaël