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étude des fortifications allemandes sur la côte méditerranéenne en France
 
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 Armement des sous-marins français en 1939

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Capu Rossu
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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyVen 7 Aoû 2009 - 16:18

J'avais dans le post sur le sabordage envisagé la publication de photos des tourelles orientables des sous-marins français. Je vais élargir le sujet à l'arment de ceux-ci.

Artillerie

Canon de 203 mm SM 24
A tout seigneur, tout honneur, le Surcouf. Ce croiseur sous-marin est armé d'une tourelle double de 203 mm Mle SM 24. Le Surcouf pouvait ouvrir le feu dans un délai de 3 minutes 30 secondes après avoir fait surface, délai un peu long contre un navire de guerre mais comme il avait été prévu pour la guerre de course ce n'était pas un handicap contre les navires marchands.
La tourelle pesait la bagatelle de 198 tonnes et faisait poids sur un joint d'étanchéité. Ce temps incluait le lancement des soufflantes, le relevage de la tourelle par surpression d'huile, le déblocage des pièces (jumelées en hauteur) et le pointage. Les tubes de 203 mm identiques à ceux des croiseurs classe Duquesne pesait 20,716 tonnes et tirait un projectile de 123,1 kg à vitesse initiale de 895 m/s. Notez sur la deuxième photo le dispositif d'obturation des pièces. Un télépointeur avec télémètre stéréoscopique de 4 mètre et pesant 10,4 tonnes surmontait le kiosque en arrière de la tourelle. En plongée, le télépointeur était immobilisé au gisement 90°, c'est à dire télémètre dans l'axe du bâtiment, pour diminuer la résistance à l'avancement. La portée du télémètre était, vu sa position, de 12.000 mètres, distance pratique de tir efficace. L'approvisionnement en munitions était de 300 coups.

Armement des sous-marins français en 1939 Surcouf1

Armement des sous-marins français en 1939 Surcouf2.

Canon de 37 mm SM 25
L'artillerie secondaire du Surcouf comprenait deux pièces de 37 mm Mle SM 25 d'un poids unitaire de 0,47 tonnes et tirant des cartouches de 1,64 kg. l'approvisionnement était de 300 cartouches ordinaires et 700 à tracer.

Armement des sous-marins français en 1939 Surcouf3

Un canon de ce type équipait les sous-marins de 1ère classe (1100 tonnes et 1500 tonnes) mais il a été débarqué en 1934 pour être remplacé par un affût double de 13,2 mm.

canon de 100 mm SM 25

Ce canon de 7,5 tonnes équipent les les sous-marins de 600, 1100 et 1500 tonnes. Avec sa cadence de tir de 8 coups/minute et son pointage de + 70 °, il peut être utilisé en tir anti-aérien.
Le Fresnel (1500 tonnes) en 1941

Armement des sous-marins français en 1939 Fresnel2

canon de 100 mm SM 36
Les sous-marins de 800 tonnes devaient être équipés de ce nouveau canon d'un poids de 2,6 tonnes. Seule l'Aurore entra en service en 1940. Pour ceux qui purent être achevés après la Libération, on expérimenta une collection divers de kiosque et d'armement. Ces expérimentations permirent la mise au point des plans des sous-marins mis en chantier après la guerre.

Armement des sous-marins français en 1939 Aurore

canon de 75 mm SM 28
Ce canon équipa tous les sous-mains de 2ème classe (600 tonnes après refonte et 630 tonnes) et les sous-marins mouilleurs de mines (classe Saphir). Pesant 1,5 tonnes et pouvant tirer lui aussi en tir contre-avion
La Vestale en 1945, un canon Oerlikon a remplacé les mitrailleuses de 13,2 mm

Armement des sous-marins français en 1939 Lavestale

mitrailleuses de 13,2 mm SM 14
A l'exception du Surcouf , elle constitue la DCA légère de tous les sous-marins français.
La Junon

Armement des sous-marins français en 1939 Junon1

Torpilles

Les sous-marins français disposent de deux type de torpilles d'un calibre de 550 mm et 400 mm fonctionnant à l'air comprimé et dotées de percuteurs à contact uniquement.
La torpille de 550 mm Mle 1924 V mesure 6,93 mètres de longueur, pèse 1490 kg dont 310 kg pour la charge explosive et a une portée de 3000 mètre à 44 nœuds ou de 7000 m à 35 nœuds.
la torpille de 400 mm Mle 1926 V mesure 5,07 mètres, pèse 654 kg avec une charge explosive de 144 kg et a une portée de 2000 m à 43 nœuds. Ces torpilles, destinées à l'attaque des petits bâtiments, étaient source de déboires fréquents.
Les groupes de tubes lance-torpilles étaient soit intérieurs, soit extérieurs soit montés en tourelles orientables
Les groupes intérieurs, situés à l'avant, comprenaient quatre tubes de 550 mm (1100 et 1500 tonnes) ou deux tubes de 550 mm (mouilleurs de mines, 600 et 630 tonnes). les torpilles pouvaient être divergées de 2,5° ou lancées suivant un cadenceur (5 secondes entre chaque tube) pour le lancement en gerbe.
Ils fonctionnaient assez mal : problèmes d'ouverture des portes, gyrodéviation peu sure, impossibilité de modifier l'immersion de la torpille.
Suivant la date de construction du sous-marin, ils sont de modèle 1920 I, 1924 I ou 1927 I.
Groupe quadruple d'un 1500 tonnes

Armement des sous-marins français en 1939 1500t1

Groupe double du sous-marin mouilleur de mines Rubis

Armement des sous-marins français en 1939 Rubis

Les sous-marins de 600 tonnes comme la Calypso ont un seul tube intérieur avant mais comptent deux tubes extérieurs avants (1), une tourelle orientable double Mle 1925 OD (2) et deux tubes extérieurs arrières (3)

Armement des sous-marins français en 1939 Calypsog

Tous ces tubes ne peuvent être rechargés qu'au port

Armement des sous-marins français en 1939 600tonnes

Les sous-marins de 1100 tonnes comme l'Espadon ont quatre tubes intérieurs avants, deux tourelles Mle OD 1925 et deux tubes intérieurs arrières

Armement des sous-marins français en 1939 Espadon1

Armement des sous-marins français en 1939 Espadon2

les sous-marins mouilleurs de mines comme le Saphir et la Rubis ont deux tubes intérieurs avant et une tourelle 1926 OSd à l'arrière (deux tubes de 400 mm encadrant un tube de 550 mm)

Armement des sous-marins français en 1939 Saphir1

Les sous-marins de 630 tonnes ont eux aussi qu'un seul tube intérieur avant, mais comptent deux tubes extérieurs avants et deux tourelles, une Mle 1926 OD en avant du kiosque et une Mle 1926 OSD disposée à l'arrière comme les Saphir.
La Vestale

Armement des sous-marins français en 1939 Lavestale2

Les 600 et 630 tonnes présentant des caractéristiques et des silhouettes différentes en fonction des chantiers constructeurs, l'Etat-Major Général décida que tous les sous-marins mis en chantier lors des Contingents 1930 et suivants seraient désormais construits suivant les plans fournis par le Service Technique des Constructions Navales, aussi les six derniers 630 tonnes furent dits "type Amirauté". leur armement comprenaient quatre tubes intérieurs avants et une tourelle double arrière de 550 mm mais la tourelle centrale était composée de trois tubes de 400 mm.

Armement des sous-marins français en 1939 Junon2h

Les sous-marins type Aurore avaient le même nombre de tubes, 9, mais tous de calibre 550 mm et disposés en quatre tubes intérieurs avants (1), une tourelle triple centrale et une tourelle double arrière.

Armement des sous-marins français en 1939 Aurore2

Le Surcouf disposait de quatre tubes intérieurs avant et deux groupes Mle 1926 OSd (deux tubes de 400 mm encadrant un tube de 550mm)

Armement des sous-marins français en 1939 Surcouf5

Les 1500 tonnes, outre le groupe de quatre tubes intérieur avant, ont une tourelle triple Mle 1925 Ot en arrière du kiosque

Armement des sous-marins français en 1939 1500t2

et une tourelle arrière 1925 ODd (deux tubes de 550 mm et deux tubes de 400 mm). Sur cette vue du Fresnel à Marseille en compagnie de l'Actéon, le tourelle triple est en 1 et la quadruple en 2

Armement des sous-marins français en 1939 Fresnel1acton

Les survivants de la série verront leur tourelle quadruple modifiée en une tourelle tripe de 550 mm lors de leur refonte aux USA en 1944.

Aviation

Pour terminer ce tour d'horizon, petit retour sur le Surcouf qui a eu en dotation un hydravion biplace MB 411 destiné à la reconnaissance et au réglage du tir des 203 mm. Cet appareil d'un poids de 1020 kg en charge, d'une longueur de 8,25 m, d'une envergure de 12 m et propulsé par un moteur Salmson 9 ND, 9 cylindres radial, et developpant 175 CV, pouvait atteindre 190 km/h avec une autonomie de 400 Km et un plafond max de 5000 m. L'appareil était stocké, ailes démontées dans un hangar étanche de 9 mètres à l'arrière du kiosque sous les canons de 37 mm. Le temps de préparation et de mise à l'eau à l'aide d'une grue était de 30 minutes par mer calme. les expériences menées en 1935 et les année suivantes démontrèrent que l'appareil, trop léger, ne pouvait être mis à l'eau et récupéré que par mer calme, c'est à dire que depuis une rade abritée donc sans intérêt !

Armement des sous-marins français en 1939 Surcouf6

Les expériences avec l'autogyre Leo C 30 étaient des plus prometteuses et le choix de cet appareil pour les futurs successeurs du Surcouf était acquis.

Armement des sous-marins français en 1939 Autogyreleoc3011249


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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyDim 9 Aoû 2009 - 15:48

Merci pour ce dossier très complet.

Quelques remarques et questions :

Un programme de corsaires sous-marins avec le Surcouf était une aberration pour la France car une guerre de course n'était envisageable que face à la Grande-Bretagne, les Etats-unis et le Japon, mais pas contre l'Allemagne, ni l'Italie.

Est-ce que les torpilles françaises ont eu des problèmes comme les allemandes ou les américaines ?

Y-a-t-il un autre pays qui a adopté les tourelles à torpilles, un système qui apparait coûteux et peu efficace ?

Les Allemands aussi expérimenteront les voilures tournantes, eux l'hélicoptère, le radar lui succédera comme moyen d'éclairage.

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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyLun 10 Aoû 2009 - 14:43

Les torpilles françaises présentèrent de gros problèmes de direction, une sur deux ne gardaient pas le cap initial, et de plus une sur quatre ne gardait pas une vitesse constante.
Comme les sous-marins ne pouvaient lancer que douze torpilles d'exercice par an, la précision des attaques devenait des plus aléatoires.
Par contre, aucun problème similaires à ceux rencontrés par les Allemands et les Américains puisque les torpilles françaises n'étaient pas équipés de mise à feu magnétique mais uniquement à contact.
Le Captain (S) 10, commandant les sous-marins anglais de la 10° Flottille à la Maddalena, dans un rapport mis en doute l'efficacité des torpilles françaises qu'il qualifiait d'"erratic" !
Comme je l'ai dit les tubes fixes français étaient sujet à de fréquentes avaries et le lancement des gerbes très aléatoire. Aussi pour pallier à des changements brusques de route des buts, les commandant préféraient les tourelles orientables que l'on pouvait pointer plus facilement et qui permettaient même le tir par le travers. Ce matériel, malgré quelques avaries spectaculaires, rupture du verrou d'immobilisation, se montra d'un maniement sur mais fut indirectement pénalisé par le manque de fiabilité des torpilles.
Les marines polonaises et lettonnes disposèrent de ce type de matériel sur leurs sous-mains construits en France. La marine estonienne n'eut que des sous-marins de construction française à tubes fixes extérieurs et intérieurs à l'instar de nos 600 tonnes tandis que la sous-marins grecs n'eurent que des tubes intérieurs. A ma connaissance aucun chantier étranger ne s'engagea dans cette voie.
Je reviendrai sur le Surcouf demain.
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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyLun 10 Aoû 2009 - 15:27

Merci pour ces précisions.

Capu Rossu a écrit:
Par contre, aucun problème similaires à ceux rencontrés par les Allemands et les Américains puisque les torpilles françaises n'étaient pas équipés de mise à feu magnétique mais uniquement à contact.
Les Allemands ont aussi eu un problème avec les détonateurs de contact : lors de frappe à la perpendiculaire, ils avaient tendance à être écrasés sans se déclencher.

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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyLun 10 Aoû 2009 - 15:43

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bien interessant
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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMer 12 Aoû 2009 - 14:53

Agnet a écrit :

Citation :
Un programme de corsaires sous-marins avec le Surcouf était une aberration pour la France car une guerre de course n'était envisageable que face à la Grande-Bretagne, les Etats-unis et le Japon, mais pas contre l'Allemagne, ni l'Italie.

Pour comprendre le Surcouf, il faut remonter à la Guerre de 14/18 et aux problèmes stratégiques qui se posèrent aux États-Majors qui tentent aux lendemains de cette guerre de concilier maitrise de la mer et contraintes économiques.

Dès 1916, les Allemands mettent en chantier des croiseurs sous-marins. Quatre projets, les Pr. 46 et Pr.46A U-Kreuzer (3 et 37 unités) , Pr. 47 U-Panzer-Kreuzer (1 unité) et un projet baptisé U-Kreuzer Kriegsautrag P (7 unités) sont développés.
Les sous-marins du projet P déplacent 1500 tonnes en surface et sont armés de tubes lance torpilles à l'avant et surtout de 2 canons Utof de 10,5 cm L/45 et de 2 canons Uk de 8,8 cm L/30. Seul le U 151 sera achevé et livré à la France en 1919. Il sera ferraillé en 1921.
Le sous-marin du projet 47, l'UD 1 ne sera jamais achevé. Il devait avoir un déplacement de 4100 tonnes et porter 4 tubes lance-torpilles (2 à l'avant, 2 à l'arrière) et surtout 4 pièces Utof de 15 cm L/45 en tourelles et 2 pièces Uk de 8,8 cm L/30.
Un aute projet, le Pr. 50, devait déplacer 3800 et avec un armement similaire avoir une propulsion devant lui donner une vitesse de 25 nds grace à 4 turbines. Il ne dépassa pas le stade des études.
les projets 46 et 46 A déplaçait 1930 et 2158 tonnes. l'armement était composé de 6 tues lance-torpilles pour tous (4 à l'avant et 2 à l'arrière) tandis que l'artillerie comprenait soit 2 pièces Utof de 15 cm L/45 et 2 pièces Uk de 8,8 cm soit 3 pièces Utof de 15 cm.
Seuls les U 139 à U 141 (projet 46) furent achevés encore que le U 142 ne fut admis au service que le 10 novembre 1918 !
Le U 140 fut livré aux USA qui après étude le coulèrent comme cible le 22/07/1921. Le U 141, livré à la Grande Bretagne, fut démoli en 1923 sans jamais avoir été réarmé.
Le U 139 fut livré à la France et réarmé avec difficultés : pas de plans, matériels et rechanges manquants. De 1923 à 1928, l'U 139 rebaptisé Halbronn effectua un grand nombre d'essais pour en évaluer les qualités et les défauts afin que la Direction des Constructions Navales put en tirer tous les enseignements propres à la construction de sous-marins de gros tonnage.

Parallèlement, la Royal Navy fit construire 4 sous-marins de type M, M comme monitor. En plus de ses 10 tubes lance-torpilles, ces unités avait un canon de 305 mm placé dans la partie avant du kiosque et incorporé à la coque épaisse. La pièce ne pouvait avoir un battement latéral que de 10° et le pointage devait se faire par orientation de la coque. Autre inconvénient, le chargement nécessitait de ramener le canon à l'horizontale.
Seul le M 1 fut achevé avant la fin de la guerre et l'Amirauté ne sachant pas trop quoi en faire l'envoya en Méditerranée où il ne servit à rien. Il disparu tragiquement le 12 novembre 1925 abordé en plongée par un cargo suédois. Le M 2 devint un sous-marin porte-avion et les essais démontrèrent que par beau temps et mer calme, un hydravion pouvait être catapulté ou récupéré en 12 minutes ! Lors d'un essai au large de Portland, le 26 janvier 1922, une erreur de manœuvre fit plonger le sous-marin portes du hangar ouvertes. Les 60 hommes d'équipage périrent dans la catastrophe. Le M3 fut transformé en sous-marin mouilleurs de mines et termina paisiblement sa carrière en 1933. Quant au M 4, inachevé, il fut utilisé comme défense portuaire.
Malgré sa répugnance pour ce type de bâtiment, l'Amirauté autorisa un autre prototype, le X1, qui ne demeura en service que de décembre 1925 à 1936. Avec ses 3585, il fut le plus grands sous-marin à flot à sa mise en service et portait 4 pièces de 133 mm en deux tourelles doubles.
Les Etats Unis mirent en service entre 1926 et 1929 six sous-marins de type V, les V1 à V3 rebaptisés USS Barracuda, USS Bass et USS Bonita (2000 tonnes - 1 pièces de 127 mm - 6 TLT), le V 4 USS Argonaut (3040 tonnes - 2 pièces de 152 mm - 6 TLT) et les V 5 et V6 USS Narwhal et USS Nautilus (2730 tonnes - 2 pièces de 152 mm - 10 TLT). L'expérience prouva qu'ils étaient trop lourd dans les hauts et surtout trop difficiles à mettre en œuvre. Les trois premiers eurent leurs canons enlevés tandis que le 4ème fut transformé en mouilleur de mines. Les USS Narwhal et USS Nautilus firent des raid de commandos avec un détachement de Marines à bord. Afin d'accroitre leur puissance offensive, on les équipa de quatre tubes extérieurs, deux à l'avant et deux à l'arrière.
Une dernière tentative américaine aboutit à la mise en service du V 7 USS Dolphin, réduction des V 5 et V6 (1560 tonnes - 1 pièce de 102 mm - 6 TLT) puis des V 8 et V9 USS Cacahlot et USS Cuttlefish (1100 tonnes - 1 pièce de 76 mm - 6 TLT) qui furent relégués à l'entrainement.

à suivre.
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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyJeu 13 Aoû 2009 - 15:10

Pour comprendre le Surcouf, il faut, après les sous-marins porte-canons, parler des sous-marins porte-hydravions.
Dès 1913, la Royal Navy commença à s'intéresser au problème et en 1916, l'idée d'un raid contre les bases de Zeppelins à Cuxehaven fut planifiée. Le sous-marin E 22 commença les essais pratiques qui se révélèrent si décevant que le projet fut abandonné.
En Allemagne, des essais similaires furent entrepris sur l'U 12. L'absence de protection de l'hydravion sur le pont et l'impossibilité du sous-marin de plonger condamnait l'expérience. Pour la petite histoire, je signalerai le fait que le responsable de ces essais s'appelait Von Arnaud de la Perrière et était le frère du commandant de l'U 35 qui allait être le meilleur sous-marinier allemand en terme de victoires. J'ajouterai qu'après avoir commandé l'U 35, le commandant Lothar Von Arnaud de la Perrière prit le commandement de l'U 139 dont j'ai parlé hier. Les Allemands entreprirent la construction de trois hydravions W 20 destinés à être embarqué sur les sous-marins du projet 46. Construits en bois ils manquait de robustesse et les essais furent reportés jusqu'à la mise en service d'une autre série métallique qui n'eut pas le temps de voir le jour.
J'ai exposé hier les désillusions britanniques avec le M2.
Les États Unis entreprirent des essais avec le sous-marin S1 en octobre 1923. L'embarquement de l'hydravion demanda.....4 heures !!!! Après de nombreuses modifications et changement ds'appareils, ce délai tomba à 12 minutes en 1926. Finalement, en 1932, l'US Navy renonça et le prjet d'équiper neuf sous-marins fut abandonné.
L'Italie entreprit en 1926 de construire un sous-marin à la fois porte-canon et porte-hydravion, l'Ettore Fieramosca. Déplaçant 1550 tonnes, il devait porter un canon de 203 mm et avoir un hydravion P 8 de chez Piaggo dans un hangar cylindrique. Le projet subit plusieurs modifications et le sous-marin se contenta d'un canon de 120 mm. Les premiers essais ayant démontré la fragilité de l'hydravion, les Italiens renoncèrent et le hangar fut démonté en 1935. L'Ettore Fieramosca eut alors une carrière de sous-marins classique jusqu'à sa radiation des listes en 1941.
Au Japon, les ingénieurs se penchèrent sur les plans du projet 46 et dessinèrent les types Junsen (4 variantes) et ensuite les types A (3 variantes) et B (4 variantes) déplaçant de 2000 à 2500 tonnes et portant 1 ou 2 pièces de 140 ou de 127 mm et 1 ou 2 hydravions. Les Japonnais avaient dotés leurs 31 sous-marins de ces types, à l'exception des cinq premiers, d'une catapulte. En août - septembre 1942, l'hydravion de l'I 25 fut le seul appareil japonnais à bombarder les Etats Unis. L'un de ces sous-marins, l'I 58 remplaça ses hydravions par des engins amphibies cuirassés Toku 4-shiki Naikatei de 19,2 tonnes armés de 2 mitrailleuses de 13,2 mm et de 2 TLT pour les attaques spéciales. Beaucoup d'autres remplacèrent leurs hydravions par des Kaiten toujours pour les attaques spéciales. En 1943, un programme de 18 sous-marins plus grand, le type Sen-toku, fut mis sur cale mais ne put être achevé. Déplaçant 5200 tonnes, ils embarquaient 1 canon de 140, 10 pièces de 25 pour la DCA et trois hydravions avec hangar et catapulte. L'une de leurs premières missions aurait été la mise hors service des écluses du canal de Panama.
En 1937, la Kriegsmarine reprit le projet des Ukreuzer et étudia le type XI. ces nouveaux U.boot devait déplacer 3900 tonnes et avoir pour armement 4 pièces de 12,7 cm en deux tourelles doubles, 2 pièces de 3,7 et 1 de 2,0 cm en affut simple. Ils devaient aussi emporter un hydravion Arado Ar 231. Le projet ne dépassa pas le stade de passation des marchés en 1939. Les cales de construction étaient plus utiles pour les U.Boots classiques dont la pénurie étaient sensibles au début de la guerre.

J'ai achevé le tour d'horizon des marines étrangères et la semaine prochaine, je reviendrai sur le Surcouf.


Dernière édition par Capu Rossu le Mar 18 Aoû 2009 - 13:58, édité 1 fois
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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyLun 17 Aoû 2009 - 15:34

Après avoir vu les différents essais dans les autres pays, je vais résumer la conception et la finalisation du croiseur sous-marin en France.
Dès 1916, le commandant de Cacqueray demande la mise en chantier de sous-marins d’escadre de 2000 tonnes armés de deux canons de 14 cm et filant 25 nœuds en surface. Projet assez utopique en raison principalement de la faiblesse de l’industrie française des moteurs. Nos meilleurs sous-marins étaient des sous marins à vapeur !!!!
Dès le 1er avril 1920, le Conseil Supérieur de la Marine, sur proposition de l’amiral Amet, demande « à ce que l’on entreprenne l’étude de très grand sous-marins de combat propres à jouer le rôle d’unités de surface dotées de la faculté de s’immerger ».
Le 1er août 1921, les Chantiers Normand, au Havre, adressèrent à la Marine les plans d’un sous-marin de 5000 tonnes armés de deux tourelles triples de 305 ou 240 mm et équipés de quatre avions en remplacement d’un des croiseurs de 8000 tonnes. Le Ministre refusa de sacrifier un des croiseurs mais demanda au Service Technique des Constructions et Armes Navales (STCAN) la valeur militaire et la faisabilité d’un tel navire. Le STCAN privilégia un bâtiment de 3000 tonnes avec quatre variantes d’armement : un canon de 305 mm Mle 1893-96 M (500 coups), un canon de 240 mm Mle 1902 (700 coups), un canon de 194,7 mm Mle 1902 (2070 coups) ou deux canons de 194,7 mm Mle 1902 (895 coups/pièce). Le dernier projet ayant été rapidement abandonné, les trois autres furent désignés H (194,7 mm), I (240 mm) et J (305 mm). A noter, que le désarmement des cuirassés et des croiseurs cuirassés anciens rendait ces pièces disponibles. L’armement était complété par quatre TLT, la vitesse prévue était de 15 nœuds en surface et le rayon d’action correspondant de 15.000 milles nautiques.
Le 13 octobre, le Ministre ordonnait l’étude de ce sous-marin de grand tonnage et à grand rayon d’action qui prenait l’appellation de sous-marin de bombardement.
Au même moment allait s’ouvrir la Conférence de Washington pour limiter les armements navals. Au terme de négociations laborieuses, la France accepta la parité avec l’Italie mais réussit à préserver son programme de 90.000 tonnes de sous-marins. Le sous-marin était alors considéré comme une arme défensive et la politique navale française était considérée comme essentiellement défensive : assurer la défense de nos côtes et maintenir les liaisons entre la Métropole et les Colonies. Pour assurer ces missions, le programme du Conseil Supérieur de la Marine préconisait le 8 juillet 1922 la construction de 8 croiseurs sous-marins à construire sur 20 ans, une deuxième tranche de quatre devant suivre. Les problèmes budgétaires limitèrent ce programme à six puis quatre unités.
Le 4 août 1926, les crédits nécessaires au premier sous-marin de croisière, nouvelle appellation du sous-marin de bombardement, étaient votés par la Chambre. Un deuxième aurait du être inscrit dans la Loi de Finances de 1927 mais, devant le retard pris dans la construction du premier, le Conseil Supérieur de la Marine l’ajourna et le remplaça par cinq sous-marins de 1500 tonnes et un sous-marin mouilleur de mines.
Le 31 mars 1928, le Ministre Georges Leygues choisit pour le futur sous-marin de croisière le nom de Surcouf dont on venait en 1927 de fêter le centenaire de la mort.
Lors de la Conférence Navale de Londres, les USA imposèrent le tonnage maximum de 2000 tonnes et un calibre d’artillerie maximal de 130 mm. Chaque puissance pouvait néanmoins construire ou acquérir trois unités n’excédant pas 2800 tonnes et armés de canons de 155 mm. La France pouvait poursuivre la construction du Surcouf portant du 203 mm.
Suite à cette conférence, le STCAN étudia à la demande du Ministre trois type d’armement pour les deux futurs sous-marins de croisière : un tourelle triple de 152 mm (poids : 120 tonnes), deux tourelles doubles de 152 mm (poids : 160 tonnes) ou une tourelle double de 203 mm (poids : 180 tonnes). Le Chef d’Etat Major trancha en faveur de la tourelle triple et de l’emploi du gyroplane dont l’emploi était plus rapide et plus sur que celui de l’hydravion léger.
A partir des premiers projets évoqués plus haut, le Conseil Supérieur de la Marine fixa le 7 juillet 1922 le premier programme du « sous-marin de croisière canonnier » : 2 canons de 203 mm en tourelle double avec 250 coups, de canons CA à tir rapide, 4 tubes fixes à l’avant, deux tourelles doubles orientables , 12 torpilles de réserve, 1 avion d’observation, kiosque et pont supérieur y compris le bordé cuirassés (30 à 40 mm), 18 nœuds en surface et 9 en plongée, 10.000 milles nautiques à 10 nœuds (surface) et 70 miles nautiques à 5 nœuds (en plongée) et une endurance de 90 jours.
Après les inévitables modifications dues études techniques qu’imposent la construction de tout prototype d’unité de combat, les caractéristiques définitives furent fixées le 14 mai 1926 avec le projet Q 5 : 3244 tonnes en surface, 4302 tonnes en plongée, une tourelle double de 203 mm étanche en plongée pouvant pointer de 135 ° de chaque bord, les canons avaient une élévation maximale de 30° et pouvaient être chargés et pointés en élévation en plongée, la cadence de tir était de 5 coups/minutes, 2 canons de 37 mm Mle 1925, 4 tubes fixes d’étrave de 550 mm, deux tourelles orientables triples (un tube de 550 mm encadré de deux tubes de 400 mm), 12 torpilles de réserve, un hydravion démontable, une vedette d’interception des bâtiments marchands, deux lignes d’arbre, deux moteurs diesel 2 Temps de 3800 CV chacun à 330 t/min, deux groupes de deux moteurs électriques (850 CV par moteur), une batterie comprenant 4 groupes de 120 éléments, 8 officiers, 24 officiers mariniers et 85 quartiers maîtres et matelots en comptant le docteur et les deux aviateurs.
Le Surcouf fut mis sur cale le 3 octobre 1927 à Cherbourg. Le lancement eut lieu le 18 novembre 1929 avec plus de deux ans de retard, il avait été initialement prévu pour juillet 1927 ! Lancement dans la plus grande discrétion, sans photographes ni journalistes, pour des raisons de secret militaire. Lorsque l’on eut sectionné la pièce d’acier qui bloquait le sous-marin sur sa cale, la musique se mit à jouer la Marseillaise mais le Surcouf ne glissa pas et se mit à osciller dangereusement sur place faisant craindre un chavirement. La musique arrêta de jouer puis se remit à jouer quand le sous-marin, à la surprise générale, se mit à glisser et entra dans l’eau.
Le 15 août 1930, le Surcouf fut armé pour essais sous les ordres du capitaine de frégate de Belot.
Les essais furent longs et laborieux et marqués par plusieurs incidents mécaniques : rupture du gouvernail, avaries des moteurs des barre, roulis important (jusqu’à 25°), la tourelle coinçait par houle de 3 mètres, embarcations inadaptées, fuites au passage du fut de la tourelle, fuite aux soutes extérieurs, nombreuses ruptures des boulons de fixation des diesels, matériels radio fragiles et peu performants. Et surtout le bâtiment est inhabitable dans les pays chauds !
Dès son retour d’une croisière en AOF et AEF, les travaux de remise en état commencèrent par le débarquement de la tourelle pour permettre la mise au point du dispositif de roulement qui se grippait et de la couronne de centrage.
Le 3 mai 1934, le Surcouf est admis au service actif. Le président de la Commission Permanente des Essais, le vice-amiral Drujon pourtant un des partisan les plus enthousiaste du projet des croiseurs sous-marins, n’est pas tendre dans son rapport d’essais :
Hydravion non encore à bord (les deux premiers prototypes avaient été refusés), vedette d’interception inutilisable, ventilation insuffisante, étanchéité des ballasts non garanties, manœuvre difficile, grande inertie, artillerie non au point, pas de télécommande, pas de visée directe des pièces, pas d’installation de tir contre la terre, température des soutes excessives, chasse HP turbo soufflante trop faibles, diamètre des tuyautages d’air à augmenter, matériel électrique de mauvaise qualité, ventilation du bord difficile, embrayeur bâbord désaligné, fuites nombreuses de gas-oil aux soutes ou aux ballasts et l’amiral concluait en demandant si le Surcouf était un croiseur colonial ?
A cette date, le Surcouf avait coûté 86 953 000 francs, soit le double de l’estimation initiale et la moitié du prix d’un croiseur de 10.000 tonnes armés de 8 pièces de 203 mm !

En 1939/1940, dans les programmes des constructions neuves on ne parle plus des sous-marins de croisières, la mise en chantier des unités classiques, navires de ligne, porte-avions, escorteurs de tous types et sous-marins de 1ère et 2ème classe ou mouilleurs de mines sont hautement plus prioritaires que les successeurs du Surcouf.
Les essais laborieux de celui ci, ses avaries continuelles et la difficulté de lui trouver un emploi ont convaincu l'Etat Major qu'il était urgent, très urgent d'attendre avant de lui donner des similaires.

Je donnerai un aperçu de sa carrière dans les jours suivants.

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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMar 18 Aoû 2009 - 7:12

Il n'y avait pas de doctrine claire derrière... No

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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMar 18 Aoû 2009 - 13:57

Dès la fin de la Grande Guerre, la Der des Der, parmi les parlementaires et une catégorie d'officiers renaissaient les idées de la Jeune École.
Dans les années 1870/1890, les partisans de cette doctrine préconisaient la construction de nombreux torpilleurs d'une centaine de tonnes de déplacement et des petits sous-marins, ceux du type friture, pour interdire l'approche des côtes françaises aux escadres britanniques. Pendant que cette poussière navale semait la terreur chez l'ennemi (?), les croiseurs corsaires mettaient à mal sa marine marchande. Conception des plus utopiques car toute cette poussière navale ne pouvait ni combattre ni même prendre la mer dès que celle-ci devenait mauvaise.
Après 1919, l'expérience ayant montré que faute d'un tonnage suffisant les petits bâtiments n'étaient qu'un tas de ferrailles inutiles, les nouveaux tenants de cette doctrine se focalisèrent sur le sous-marin canonnier qui devait, dans leur esprit, remplacer les bâtiments de combat à moindre coût.
Les problèmes techniques qui se développèrent tout au long de la conception, de la construction et de la mise au point du Surcouf coulèrent le projet encore mieux qu'une torpille ennemie.
Si on excepte, le manque de fiabilité des moteurs, les problèmes d'habitabilité, les défauts d'étanchéité des soutes et ballasts qui auraient pu être remédiés sur les bâtiments suivants, le plus grave défaut du bâtiment était le délai nécessaire à la mise en œuvre de l'artillerie principale : 4 minutes 50 secondes après l'ordre de faire surface. Face à un bâtiment en tenue de guerre, c'est à dire à mettre en œuvre la moitié de son artillerie dans la minute qui suit l'alerte, le handicap était trop important.
Et si ce bâtiment était un croiseur ou un cuirassé, le premier handicap se doublait d'un second : la qualité de la direction de tir nettement supérieure sur le navire de surface.
Pour pouvoir lutter sans délai, le Surcouf devait alors naviguer en surface et il aurait été en infériorité numérique d'armement !
A titre de comparaison, voici l'armement de quelques croiseurs français :
- croiseur léger de 8000 tonnes classe Duguay Trouin : 8 pièces de 155 mm + 12 TLT
- croiseur lourd de 10.000 tonnes : 8 pièces de 203 mm + 12 TLT
- croiseur léger de 7600 tonnes classe La Galissonière : 9 pièces de 152 mm + 4 TLT
je ne cite pas l'artillerie secondaire 8 pièces de 75, 90 ou 100 mm ni surtout le fait que ces navires très manœuvrants marchaient tous à plus de 30 nœuds contre 19 pour le Surcouf.
De plus un croiseur lourd avait un télépointeur à 20 mètres au dessus de la flottaison contre 7,50 mètres pour le Surcouf, des télémètres de 8 m contre un de 4 m, et surtout un ensemble direction de tir - artillerie capable de tirer à 26.000 m (portée du 203) contre l'ensemble du Surcouf calculé pour tirer à 12.000 m (distance imposée par la hauteur du télémètre au dessus de la surface). Enfin, l'artillerie du Surcouf avait d'autres handicaps : obligation de tirer au passage, c'est à dire au moment où le pont est horizontal, impossibilité de pointer la tourelle par roulis supérieur à 8°, pas de possibilité de tirer de nuit. Trois problèmes qui ne se posaient pas sur les croiseurs.

A l'inverse, si les Britanniques, dans les différentes conférences navales de l'entre-deux guerres, s'ingénièrent à empêcher la construction du Surcouf, ce n'est pas par crainte du bâtiment, leur expérience en matière de sous-marins canonniers leur avait montré les difficultés à mettre au point et à obtenir une utilisation militaire de ce type de bâtiment mais parce qu'ils voulaient faire interdire la mise en œuvre des sous-marins "classiques". En 1917, les U.Boots, comme ils le feraient en 1943, avaient été sur le point de gagner la guerre en causant des pertes immenses à la Merchant Fleet.

Je terminerai plus tard par un résumé de la carrière du Surcouf.

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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMar 18 Aoû 2009 - 15:55

A son admission au service actif, el Surcouf est versé à la 4° Escadrille de Sous-Marins (commandée par le CF Bouan) de la 2° Escadre et est basé à Brest.
Le 7 juin, il doit participer à la croisière de printemps de l'Escadre mais son départ est repoussé au 27 juin suite à une perte totale d'isolement sur un des groupes électrogènes et une avarie sur la pompe à huile principale de bâbord. A Dakar, la poursuite de la croisière sur les Antilles est abandonnée suite à de nouvelles avaries. En novembre, il entre en carénage pour réparations : pose d'un embrayeur neuf, changement de l'induit d'un des moteurs électriques, réalignage de la ligne d'arbre bâbord, remplacement de la batterie, remplacement des pompes à huile, reprise de l'étanchéité des soutes et renforcements de la coque par soudure. Les essais après travaux débutèrent le 2 septembre 1935. En novembre, croisière à Casablanca et aux Antilles. Lors de cette croisière, il fait surface pour attaquer le ravitailleur de sous-marins Jules Verne : le feu ne peut être ouvert que 8 minutes et 10 secondes après la venue en surface et le tir est médiocre, trop grande dispersion en direction !
Au mois de mai 1936, un exercice avec le groupe Emile Bertin, croiseur Emile Bertin et six contre-torpilleurs, le Surcouf, guidé par un hydravion d'exploration, peur engager un contre-torpilleur à 12.000 mètres mais, ayant été repéré, il est lui même engagé par deux autres contre-torpilleurs à 9.000 et 14.000 mètres, il dut plonger après trois minutes de tir.
Si l'engagement avait été réel, il aurait été rapidement en difficulté devant trois bâtiments alignant 15 pièces de 138,6 mm ayant une bonne précision et une cadence de tir élevée d'où la décision du commandant de plonger. A la suite de cet exercice général et d'autres individuels, l'amiral Darlan, commandant la 2° Escadre, émettait un avis réservé sur la valeur offensive du bâtiment :
"Il est difficile pour le sous-marin d'attaquer de près à la torpille à cause de son grand rayon de giration (450 mètres), de son inertie. Il reste de grands progrès à faire pour l'emploi rapide et efficace de sa puissante artillerie. Sur les trois tirs réels effectués en 1936, un seul était au but, les deux autres étaient décalés en direction et en portée."
La carrière du sous-marin se poursuit en alternant sortie d'essais et d'exercices et carnages pour réparer les avaries qui sont systématiques : fuites aux soutes, claquage des moteurs électriques, rupture des boulons des bâtis des diesels et bien d'autres. Chacun de ces carénages se voit marqué par une durée d'immobilisation plus importante que prévue car les démontages font apparaitre des avaries non décelées ou plus importantes que prévues.
le 7 mars 1939, il appareille pour l'AOF et l'AEF dans le cadre d'une croisière d'endurance devant durer quatre mois. Plusieurs avaries réparées à Dakar (un mois d'immobilisation !) font que le 29 août, le Surcouf est encore en AOF.
Devant la dégradation de la situation internationale, l'Etat Major décide d'ajourner le retour sur Brest et l'envoie aux Antilles en position d'attente. Suite à de nouvelles avaries aux moteurs électriques et aux groupes électrogènes ainsi qu'à cause d'une batterie à bout de bord, le Surcouf ne peut marcher à plus de 13 nœuds en surface ni plonger plus de 3 heures !
Le Surcouf rallie alors Kingston à la Jamaïque pour être intégré au convoie KJ 2 à destination de l'Europe. Le convoi comprenait 25 navires marchands et devait être escorté par le croiseur HMS Orion jusqu'à la sortie de la mer des Antilles. Après le départ du croiseur, l'escorte se réduit au seul Surcouf qui zigzague de jour en avant du convoi tandis que la nuit, il se tient sur l'arrière du convoi.
Dans l'Atlantique centre, le cuirassé de poche Deutschalnd a pour mission d'intercepter le convoi dont le départ lui a été communiqué par un agent de renseignement. pour repérer le convoi, le cuirassé lance tous les matins son hydravion qui explore un large secteur sur l'avant jusqu'à 70 milles en avant et sur les côtés. Le 4, l'hydravion fut avarié à l'amerrissage alors que le cuirassé s'approchait du convoi qu'il manqua à cause de la mauvaise visibilité. Le 7, il avait dépassé le convoi. Un premier message radio l'informe que le Surcouf a été localisé par les services d'écoutes radios allemands au sud-ouest des Açores. Le 8, ces mêmes services le localisent plus au sud-ouest en route vers Dakar soit à 3000 milles du Deutschland ! Les services allemands avaient réussi à intercpeter des messages radios d'un bâtiment qui pratiquait le silence radio le plus absolu ! A bord du Deutschland, la préoccupation immédiate est l'interception du convoi. Pour ce faire le kapitan zur zee Wennecker remet le cap à l'Ouest manquant le convoi de quelques milles. Le soir, il revient route à l'Est et il est sur le de découvrir le convoi quand à 21H27, un des veilleurs signale un sous-marin sur tribord. Ne possédant pas d'obus éclairant et ne voulant pas allumer ses projecteurs, le Deutschland infléchit sa route sur bâbord et s'éloigne à grande vitesse.
Par une comparaison, après guerre, des journaux d'opérations du Deutschland et du convoi et le report sur la carte des routes respectives, les Britanniques ont conclu que le cuirassé de poche avait effectivement pu apercevoir le Surcouf.
Le 16, le convoi fut rallié par les contre-torpilleurs Le Malin et l'Indomptable qui prirent l'escorte du Surcouf pour le ramener à Brest dont la vitesse était tombée à 10 nœuds.
Le sous-marin entra immédiatement en grand carénage pour une remise en état complète. Elle n'était pas achevée le 18 juin 1940 quand la Royale dut évacuer Brest.
Le Surcouf put appareiller sur ses moteurs électriques, une avarie de la barre de plongée arrière l'empêchant de lancer les diesels. ne pouvant songer à faire route dans ces conditions sur Casablanca, le CC Martin rallia Plymouth le 20 juin.
Lors de l'opération Catapult, les Anglais purent pénétrer à bord par un panneau mal fermé. Ils se trouvèrent dans le carré face aux officiers français. La discussion qui s'ensuivit était vive et une grande nervosité se manifestait de part et d'autres. Dans ces conditions, le moindre geste mal interprété pouvait entrainer des répercussions tragiques. C'est ce qui se passa. Dss coups de révolvers furent échangés : les deux officiers anglais dirigeant l'équipe de prise, un sergent britannique et un ingénieur français furent tués. Dans la confusion qui s'ensuivit, les documents secrets et les plans du bâtiments furent détruits.
Le bâtiment fut mouillé en rivière sous la garde d'un petit détachement anglais. Lors de ce mouillage, à l'occasion d'une marée plus importante, le sous-marin toucha le fond et prit une gite de 20° entrainant un déversement d'acide dans les batteries.
Le 1er juillet 1940, le vice-amiral Muselier prit les fonctions de commandant des FNFL. Une de ses premières décisions fut de procéder au réarmement dans les plus brefs délais des sous-marins présents en Angleterre. Il fera de même avec les bâtiments de surface. Ces décisions étaient des erreurs et il aurait été plus rentable d'accepter le prêt de bâtiments d'origine britanniques plus facile à mettre à niveau ou à entretenir que les bâtiments français qui nécessitaient des réparations importantes avec touts les difficultés que posaient des matériels aux côtes métriques à des arsenaux travaillant sur un système de côtes anglo-saxons.
En 1943, l'Etat Major d'Alger reproduira d'ailleurs la même erreur quand il s'agira de remettre les Forces d'Afrique dans la guerre.
Le capitaine de frégate Ortoli et le capitaine de corvette Blaison eurent un mal fou à constituer une équipage, très peu de sous-mariniers rallièrent la France Libre, et les travaux étaient considérables. Les Britanniques voyaient ce réarmement d'un mauvais œil en se remémorant leurs propres déconvenues dans ce type de sous-marin et mirent en avant deux raisons pour l'abandonner : aptitude militaire qui limitait son emploi et effectif important de l'équipage sous-marinier qui grevait le réarment des autres sous-marins. Après avoir un temps envisageait sa conversion en transport pour le ravitaillement de Malte, idée que l'amiral Muselier rejetait, les Britanniques suggéraient, devant le déficit de 30% au personnel, de le désarmer pour armer en compensation trois sous-marins. Au mois de janvier 1941, le Surcouf est prêt à l'emploi au plan matériel mais peu au pla du personnel complété par de jeunes matelots non qualifiés désignés d'office !
Néanmoins, il appareille le 19 février 1941 avec le sous-marin HMS Thunderboldt. Les deux bâtiments doivent être incorporé à la 2° Flottille qui assurent une escorte de surface aux convois quittant Halifax jusqu'au 25° Ouest.
Le sous-marin, en compagnie du cuirassé HMS Ramillies escorta en Angleterre les convois SC 27 et HX 118 entre le 1er avril et le 17.
Compte tenu des diverse avaries reçue à l'aller par la mauvaise mer, l'Amirauté avait envisagé de le consacrer au ravitaillement de Malte.

(à suivre)

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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMer 19 Aoû 2009 - 2:13

Capu Rossu a écrit:
Une de ses premières décisions fut de procéder au réarmement dans les plus brefs délais des sous-marins présents en Angleterre. Il fera de même avec les bâtiments de surface. Ces décisions étaient des erreurs et il aurait été plus rentable d'accepter le prêt de bâtiments d'origine britanniques plus facile à mettre à niveau ou à entretenir que les bâtiments français qui nécessitaient des réparations importantes avec touts les difficultés que posaient des matériels aux côtes métriques à des arsenaux travaillant sur un système de côtes anglo-saxons.
En 1943, l'Etat Major d'Alger reproduira d'ailleurs la même erreur quand il s'agira de remettre les Forces d'Afrique dans la guerre.
C'est une décision purement politique, De Gaulle exigeant que le maximum de bâtiments français soient remis en service pour garder une autonomie morale face aux Britaniques.

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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMer 19 Aoû 2009 - 15:25

La carrière du Surcouf (suite) :

Le 17 avril, le Surcouf est donc à Plymouth. Informé du désir de l'Amirauté de lui faire effectuer des missions de ravitaillement sur Malte, le CF Ortoli explique à Leurs Seigneuries, nom donné aux Lords de l'Amirauté, que le Surcouf est inapte pour une telle mission car sa maniabilité et son rayon d'action aux électriques sont trop faibles. L'envoi à Halifax est de nouveau envisagé puis abandonné. Entretemps, la Luftwaffe accomplit un grand nombre de raids sur Plymouth et Devonport entre les 21 et 29 avril. L'équipage du Surcouf participe activement à la lutte contre les incendies et au déblaiement, tache ingrate qui cause la perte d'un tué et de trois blessés.
L'Amirauté décide le 1er mai 1941 de l'envoyer dans l'Atlantique Centre pour y débusquer les tankers qui ravitaillent les raiders allemands, Alors que sa zone de croisière aurait été favorable à l'emploi de l'hydravion, celui-ci est laissé à terre : ni les Britanniques ni le CF Ortoli n'en demandèrent l'embarquement ! Si les renseignements britanniques sur la présence de ces ravitailleurs, ils étaient quatre tandis que cinq autres étaient mis en route (la sortie du Bismarck débuta le 18 mai), leurs positions étaient mal estimées, bonne en longitude mais 300 milles plus au Sud que leur position réelle. Le Surcouf va croiser en vain. Parmi les autres chasseurs, une escadre américaine comprenant le croiseur lourd USS Quincy, le porte-avion USS Wasp et deux destroyers d'escorte. La présence de cette force "neutre" n'avait pas échappé aux services d'écoutes de la Kriegsmarine et à l'OKM, personne ne se faisait d'illusion sur la raison de sa présence. Le Surcouf et les navires américains se saluèrent le 28.
Le 29, l'Amirauté fit remonter le Surcouf vers le Nord. ce changement de position lui fit rater le forceur de blocus Elbe venant du Japon à destination de Bordeaux. Durant sa remontée vers le Nord, le Surcouf croisa à une cinquantaine de milles, donc sans l'apercevoir, le ravitailleur allemand Esso Hamburg qui se dirigeait vers le Sud. Ce déplacement du pétrolier allemand va provisoirement le sauver. Mais le 4 juin, la Royal Navy capture le Gedenia et surtout tous ses documents secrets intacts. Un superbe coup de balai va nettoyer l'Atlantique Centre et huit ravitailleurs allemands vont en faire les frais y compris l'Esso Hamburg qui va se retrouver nez à nez avec le croiseur lourd HMS London.
Faute de renseignements valables, la croisière avait été vaine entrainant une vive lassitude parmi l'équipage durement éprouvé par les mauvaises conditions d'habitabilité du bâtiment, défaut d'origine du bâtiment auquel les carénages successifs n'avaient pas permis d'apporter de solution. De plus, les ennuis des circuits éléctriques allaient en s'amplifiant : baisse d'isolement des circuits de mise à feu des torpilles, de la conduite de tir et, là aussi éternel problème, d'un des moteurs électriques. Un nouveau carénage était nécessaire mais la base des Bermudes n'avait pas les capacités requises. En attendant, une deuxième croisière en Atlantique Centre eut lieu entre le 30 juin et le 20 juillet. Croisière tout aussi vaine que la précédente car l'OKM, après la débâcle de juin, avait fait évacuer la zone aux navires rescapés en les envoyant au Sud des Açores. Par contre, la situation matérielle du sous-marin continua ç se dégrader.
Le 28 juillet, suite à l'accord anglo-américain de Prêt-Bail, le Surcouf arrive à l'arsenal de Plymouth aux USA. Ce carénage important dura d'août à novembre pour un cout de 800.000 $. La liste des réparations était importante mais ne surprit personne : le sous-marin n'avait pas connu de réparations depuis plus d'un an et avait parcouru 25.000 milles. Performance remarquable pour un bâtiment qui, suivant les critères du temps de paix, aurait du être retiré du service et qui, en étant un prototype, avait accumulé les défauts de conception et une fragilité certaine du matériel.
Le 8 octobre, le CF Ortoli était appelé à d'autres fonction et le CC Blaison, qui venait d'être promu capitaine de frégate, prit le commandement du sous-marin.
Pendant ce temps, l'emploi du Surcouf était de nouveau en question. Il est alors décidé de l'envoyer au Cap pour accomplir des croisières en Atlantique Sud où l'absence de menace aérienne lui permettrait de croiser en surface et d'intercepter le trafic des forceurs de blocus entre Bordeaux et le Japon.
L'amiral Muselier donna son accord à ce nouveau déploiement mais exprima le vœu d'inspecter le sous-marin à l'occasion de la visite d'inspection des corvettes de la 1° Division de Corvettes FNFL alors basée à Terre Neuve. Cette mission d'inspection dissimulait la vraie opération : la prise de Saint Pierre et Miquelon.
Les corvettes et le Surcouf n'eurent aucune peine à accomplir cette prise le 24 décembre 1941 : la garnison des iles se résumait à quatre gendarmes à Saint Pierre !
Durant l'opération, la mission particulière du Surcouf était d'assurer la couverture des iles contres toute réactions de Vichy, elles ne dépassèrent pas le stade des protestations orales, ou américaines. Les Etats Unis étaient favorables au maintient de la souveraineté française, c'est à dire de Vichy, sur l'archipel mais l'attaque de Pearl Harbour avait relégué cette position intangible à une très faible priorité.
Lors du retour sur Halifax, un paquet de mer défonça le pont sur l'avant de la tourelle la bloquant.
A Londres, les avaries successives du sous-marins indisposaient les autorités britanniques. L'amiral America West India écrivit à Leurs Seigneuries que la bâtiment souffrait de deux maux : manque d'intérêt et incompétence. La discipline était mauvaise, l'encadrement avit peu de contrôle sur le personnel. Le sous-marin était compliqué et mal conçu, il ne pouvait avoir de la valeur que conduit par un équipage exceptionnellement bien entrainé. En conclusion, il préconisait son retour en Angleterre et son désarmement !
Londres refusa de se rallier à son point de vue et indiqua que,
Citation :
du point de vue politique
, on ne pouvait le désarmer mais que les intentions de l'Amirauté était de l'envoyer à Tahiti où il jouerait le rôle de batterie flottante, les meilleurs éléments de l'équipage étant après rapatrié en Angleterre pour être employés sur les sous-mains FNFL.
Après escale aux Bermudes, le Surcouf fut dirigé sur Panama.
Le16 février, les U.Boots déclenchèrent l'opération "Neuland" : attaque dans la zone Trinidad - Aruba. Au même moment, le Surcouf est au large de la Jamaïque, route au 210° sur Panama.
Le 18, à 22H30,le cargo américain Thompson Lykes aborde un navire bas sur l'eau qui disparut par le travers de la cale III. Un des témoins crut discerner une étrave se sous-marin. Le Thompson Lykes demeure sur les lieux jusqu'au jour mais aucun débris ni aucun corps ne sont visibles à l'exception d'une seule tâche de combustible, Bien faible s'il se serait s'agit du Surcouf car,compte tenu de sa consommation, il en restait 270 m3 à bord à ce moment là. A Cristobal où il est revenu, le cargo est examiné par les experts américains. Les dégâts à l'étrave sont minimes : étrave légèrement déformée et aucune trace de ragage sur la coque. Rien qui pouvait prouver un abordage avec un sous-marin. De plus, compte tenu de leurs dimensions respectives, si l'abordé avait été le Surcouf, son kiosque aurait pratiquement à la hauteur de la passerelle de l'abordeur et son pont à deux mètres au dessus de la surface de la mer. Enfin, sa longueur de 110 mètres ne cadrait pas avec la distance nécessaire au bâtiment abordé pour couler, quarante mètres. En fait les autorités américaines ne crurent jamais à l'accident avec un sous-marin mais plutôt avec une vedette.
En attendant, pour couper court à des rumeurs tendancieuses qui se rependaient aux États Unis comme quoi le sous-marin avait été coulé délibérément par l'US Navy pour empêcher son ralliement à Vichy, la thèse de l'abordage accidentel fut confirmée et rendue publique.

La vérité est plus simple et le Surcouf a été victime d'une méprise tragique.
Comme je l'ai dit, les U.Boots avaient lancé une attaque générale dans la mer des caraïbes, attaque qui avait surpris le commandement américain. Le 19, à 07H13, la 3° Escadrille de l'US Air Force, basée à Curaçao, reçoit l'ordre d'attaquer un sous-marin repéré à 50 milles au Nord du Canal. Et à ce moment là, le Surcouf est vraisemblablement entre 30 et 50 milles de Panama. Il n'a pas signalé d'avaries l'ayant retardé. Les deux A 17 et le B 18 envoyés sur zone ne sont pas informé de la présence du sous-marin français théoriquement protégé par son sanctuaire. d'ailleurs, les historiques officiels de la 6° Air Force et des escadrilles en sous-ordres ne comportent aucune trace d'un avis quelconque concernant le Surcouf et sa route vers Panama.
Pour éviter les méprises, les sous-marins alliés transitant entre deux ports sont le centre d'un rectangle de 240 milles de long sur 30 de large. Les avions alliés sont, en principe et ce n'est pas toujours le cas, informé de la route de ces sous-marins et de leur tableau de marche. Ceci afin d'éviter les méprises.
Les avions repérèrent "a very large submarine", bas sur l'au, comme sur le point de plonger, sur le quel deux premiers lancèrent leurs bombes. Le but ayant disparu, le troisième ne put lancer.
Les aviateurs de Curaçoa revendiquèrent trois U.Boots ce jour là mais l'examen des archives allemandes n'enregistrèrent aucune perte.
A noter que la même année, dans le même secteur, l'US Air Force coula le 12 octobre 1942 le sous-marin américain USS Dorado qui se rendait dans le Pacifique.

En conclusion, le Surcouf était un bâtiment conçu en fonction de conceptions anciennes et dépassées. Sa construction, mal maitrisée, le dota de problèmes techniques dont certains ne purent jamais être résolus. Les avaries, certaines systématiques, succédèrent aux avaries et de ce fait, il ne fut jamais pleinement opérationnel. Malgré le dévouement de son équipage, en temps de paix comme en temps de guerre, le bâtiment ne put jamais être en possibilité de remplir les espoirs qu'on avait mis en lui. Son inaptitude à la guerre moderne fit que l'on ne sut jamais quelles missions lui confier. S'il n'avait pas été la victime d'une tragique méprise, il aurait fini sa carrière comme batterie flottante, triste fin pour un navire de croisière. En terme maritime, malgré son aura, le Surcouf n'était qu'un loup.

@+

Alain

PS : dans la Royale le terme de loup désigne un bâtiment raté, loupé en quelque sorte.
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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyLun 24 Aoû 2009 - 14:09

Je viens de m'apercevoir que j'avais oublié de parler des mines.
La Royale possède une série de 6 sous-marins mouilleurs de mines, la classe Saphir. Le plus célèbre est la Rubis.
Ces sous-marins emportent 32 mines logées dans des 16 puits, deux groupes de quatre de chaque bord. Chaque puits contient deux mines superposées.

Le Saphir, on aperçoit les puits des deux groupes de bâbord

Armement des sous-marins français en 1939 Saphir2

Une mine type HS 4

Armement des sous-marins français en 1939 File0200

La Royale a mis en étude une mine magnétique mouillable par sous-marins, elle ne sera pas opérationnelle en 1939

Armement des sous-marins français en 1939 File0201

La lettre H signifie Sauter Harlé, le fabricant, la lettre S signifie mine pour sous-marin, et le numéro le type de la mine

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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMar 25 Aoû 2009 - 2:44

Y a t'il eu des minages devant les côtes italiennes en 1939-1940 ?

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MessageSujet: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMar 25 Aoû 2009 - 10:54

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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMar 25 Aoû 2009 - 15:17

Oups !
Merci.

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MessageSujet: Re: Armement des sous-marins français en 1939   Armement des sous-marins français en 1939 EmptyMer 2 Sep 2009 - 13:06

Sujet passionnant que celui des sous-marins français! Wink
Agrémenté en plus d'une très belle iconographie (je suis particulièrement sensibles aux photos de La Vestale Armement des sous-marins français en 1939 373699 )

Petite précision cependant, si je puis me permettre:

Capu Rossu a écrit:

Comme je l'ai dit les tubes fixes français étaient sujet à de fréquentes avaries et le lancement des gerbes très aléatoire. Aussi pour pallier à des changements brusques de route des buts, les commandant préféraient les tourelles orientables que l'on pouvait pointer plus facilement et qui permettaient même le tir par le travers. Ce matériel, malgré quelques avaries spectaculaires, rupture du verrou d'immobilisation, se montra d'un maniement sur mais fut indirectement pénalisé par le manque de fiabilité des torpilles.

Quelques 1 500t avaient en effet connu des problèmes avec leurs tubes d'étrave: au moment du lancement, la torpille restait au tube et provoquait un dégagement de gaz nocifs. Ce problème ne toucha cependant que quelques sous-marins mais fini hélas par être affirmé comme une généralité.

Comme le dit très justement Capu Rossu, les Commandants de s/m préféraient alors utiliser les tourelles orientables, ce qui évitait de sucroit d'avoir à manoeuvrer le sous-marin pour se mettre en position de lancement. Mais ces tourelles, manoeuvrées par un système à crémaillère étaient loin d'être discrètes...ce qui est plutôt génant lorsqu'on est en phase d'attaque Neutral
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